Le message s'adresse spécialement au Ministre François Gendron. et à tous ceux qui ont à cœur l'agriculture.
Ce message a pour but d'informer le Ministre d'une situation réelle et actuelle d'un phénomène d'accaparement des terres agricoles pour fins spéculatives.
Mise en contexte
Nous sommes deux jeunes agronomes (un couple) qui avons à cœur le développement de l'agriculture en région. Depuis notre rencontre à l'Université, nous songions à nous établir en agriculture. Nous cherchions une terre partout au Québec.Nous avons vu une annonce dans la Terre de chez nous (Encan par la Financière agricole du Québec- prix débutant à 230 000$)
En décembre 2009, la terre que nous exploitons a été vendue par la Financière agricole du Québec par encan (reprise de finance). Nous avons eu un prêt de 320 000 $ pour l'achat de la terre suite au dépôt d'un projet à la Financière agricole du Québec (projet de brebis laitière). La terre s'est finalement vendue pour la modique somme de 375 000 $ à une entreprise de construction et à un particulier. Ils n'avaient aucun projet agricole. Ils nous ont téléphonés pour connaître nos intentions d'exploitation de la terre. Nous avons été encouragés par les propriétaires de louer la terre afin de débuter notre projet. Comme nous sommes jeunes, naïfs, plein d'espoir et de motivation, nous nous sommes lancés. Nous avons reçu différentes subventions du MAPAQ, du CLD, de la financière. Nous avons démarré un projet de brebis laitière en 2011. Nous louons la terre que nous exploitons dans la municipalité de Harrington. Une région dont l'agriculture est en déclin.
Aujourd'hui, la terre est à vendre et les propriétaires demandent comme prix d'ami (à nous), 600 000$ sans avoir vraiment investi ici. Ils considèrent pouvoir vendre cette terre pourtant en décrépitude grâce à la vue, la montagne et la rivière. La maison n’est pas isolée, les champs n'ont pas été travaillés depuis au moins 25 ans, les chemins et ponceaux tombent en ruine. Nous nous sommes installés ici en pensant que tout le travail à faire ici diminuerait le prix d’achat. Mais nous nous sommes trompés.
Bref, nous regardons maintenant une autre terre après seulement un an exploitation et malgré tout l'effort effectué pour la mise en œuvre de notre projet de brebis laitière.
Nous apprenons beaucoup de notre malheureuse expérience !
Quel rôle joue la financière ?
Nous nous demandons pourquoi la Financière agricole du Québec ne s'assure pas des intentions des acheteurs avant de vendre à des gens qui n'ont aucune vision de la communauté et de l'agriculture ? J’ai posé la question à ma conseillère financière de la Financière, elle m'a répondu qu'elle devait entrer dans son argent.
Comment se fait-il que la Financière agricole ne protège pas d'avantage les terres agricoles ? Aujourd'hui après tout le parcours que j'ai effectué pour me rendre où je suis, je me demande pourquoi je me suis lancé en agriculture ? Je regrette mon parcours académique.
Afin de protéger les autres jeunes qui ont des idées d'entreprises agricoles, il serait vraiment d'actualité de présenter un projet de loi afin d'arrêter le phénomène d'accaparement des terres agricoles pour des fins spéculatives ou du moins de s'assurer que la Financière agricole du Québec protège les terres en les vendant aux gens qui ont de réelles convictions de vivre de l'agriculture.
En espérant que vous comprenez notre situation et que vous entendez notre cri du cœur : Pour protéger les autres jeunes comme nous, pour le bien des communautés rurales et le développement de l'agriculture en région, Pour nous, il semble être trop tard mais il est plus que temps d'agir !
Mathieu Robert
Technicien agricole, ancien agronome et cogestionnaire de la ferme Projet Ferme Harrington S.E.N.C