Pourquoi faire de l’ensilage? Pour conserver le plus de nutriments de la plante qu’on a récoltée, sans contamination par des levures ou moisissures qui peuvent causer des problèmes de santé aux animaux. Le facteur de réussite le plus important est de retirer l’air de l’ensilage rapidement ce qui implique de bien compacter le matériel. Plus l’air demeure dans l’ensilage, moins la fermentation sera de qualité et plus on assistera à une perte des sucres et des protéines, essentielles à la productivité des vaches.
Il est recommandé d’avoir au moins 6,3 kg de matière sèche/pi3 pour pouvoir se qualifier pour une bonne compaction. Évidemment, la densité de l’ensilage varie selon la hauteur dans le silo. D’après le National silo association, dans un silo 24’ X 60’, la densité typique de l’ensilage varie de 3,5 à 4,8 kg/pi3 dans les 24 pieds du haut. Ce n’est qu’en dessous qu’on atteindrait une compaction adéquate. Ces données illustrent la raison pour laquelle l’ensilage contenu dans les 10 premiers pieds sur le dessus du silo est souvent moisi et instable.
Il y a longtemps de cela, Ev Thomas, alors au Miner Institute, se rappelle avoir vu une charte où on recommandait différents taux de matière sèche (MS) pour l’ensilage à chaque 20 pieds de hauteur d’un silo de 60 pieds. L’objectif était que le tiers inférieur d’un silo d’ensilage d’herbe dose plus de 40% de MS, le milieu autour de 35% et le tiers d’en haut autour de 30% de MS. Bien entendu, cette solution n’est pas très réaliste. La logistique pour y arriver est plutôt compliquée, sans parler des complaintes du nutritionniste en cours d’année.
Que peut-on faire? Pas grand-chose, mais ça vaut la peine d’essayer de finir de remplir le silo avec environ 50 tonnes d’ensilage relativement humide, autour de 30% de MS, mais pas 25%. L’ensilage d’herbe à 30% de MS ne devrait pas produire d’acide butyrique mais va compresser un peu le reste de l’ensilage en dessous. En fait, c’est juste à l’opposé de ce qui se produit normalement, lors d’une bonne journée à foin, et que le dernier ensilage entré est le plus sec…
Vous pouvez également considérer de traiter les 50 dernières tonnes avec un acide préservatif, et ne ménagez pas sur la quantité recommandée. Compte tenu du manque de densité observé dans la partie supérieure du silo, il est certain qu’il y a trop d’air pour permettre aux bactéries qui acidifient l’ensilage de bien travailler. Par ailleurs, les levures et moisissures qui vivent en présence d’air se développeront abondamment. En plus de causer un échauffement de l’ensilage, ces organismes diminueront la quantité de nutriments disponibles.
Les acides organiques tamponnés, dont l’acide propionique, sont des inhibiteurs de moisissures très efficaces, plutôt sécuritaires et faciles à utiliser. Les doses à utiliser vont varier selon le taux de matière sèche de l’ensilage. Plus il est sec, plus il faut mettre d’acide. Elles varient également selon la concentration d’acide dans le produit. Selon le système en place à la ferme, des produits en poudre ou liquides sont disponibles.
Adapté de Ev Thomas, Miner Institute, 2006