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Une modification à l’Ordre des agronomes inquiète les vétérinaires

Le taux de chômage chez les vétérinaires est à 0%. Sans être en pénurie, il manque toutefois de vétérinaires en région. Pour les vétérinaires comme pour les autres professionnels vivre en région pose les mêmes problèmes.

La profession a changé. Le Dr René Bergeron, président de l’Association des médecins vétérinaires praticiens du Québec (AMVPQ), souligne les changements dans les cliniques, le personnel, la féminisation de la profession, la compétition du secteur de la médecine vétérinaire pour animaux de compagnie qui est en forte croissance, ce qui n'est pas le cas pour les animaux de fermes notamment à cause des problèmes dans l'industrie porcine.

Il y a quelques années la formation en médecine vétérinaire est passée de quatre à cinq ans ce qui fait qu’une année il n'y a pas eu de finissants. « On n'a jamais été en surplus d'effectif mais cette année-là la problématique a augmenté. On est en train de combler graduellement ce déficit-là » ajoute le Dr Bergeron.

Définition des termes
Le projet de loi 49 présentement à l'étude pourrait accentuer le problème. Présentement étudié en commission parlementaire ce projet pourrait permettre à des agronomes de poser des actes que les vétérinaires estiment être de leur compétence exclusive. Autant l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) que l'AMVPQ dénoncent la confusion que pourrait engendrer un manque de rigueur dans la définition des termes et qui pourrait être vue comme une « intrusion » dans le secteur réservé aux vétérinaires.
Dans son mémoire l'AMVPQ écrit : « Les termes suggérés dans les différents articles du projet de modernisation de Loi sur les agronomes méritent beaucoup d’attention puisqu’ils sont à la fois utilisés pour couvrir les productions végétales et les productions animales. »

Pour les vétérinaires le libellé suggéré « évaluer l'état d'un substrat, d'une culture ou d'un élevage » est trop large. Cela « laisse sous-entendre que l'agronome a les compétences nécessaires pour procéder à l'évaluation de la santé, ce qui n'est pas le cas ».
En entrevue avec La Vie agricole le Dr. René Bergeron a donné l'exemple de l'alimentation animale. « L'agronome a un rôle essentiel à jouer pour la formulation des rations par contre le médecin vétérinaire est là pour surveiller si ces aliments-là produisent les effets désirés ». Pour le Dr Bergeron c'est un travail d'équipe avec l'agronome : « il faut être capable de communiquer avec l'autre professionnel et les fournisseurs d'aliments ».

Modernisation des lois
En commission parlementaire en novembre l'idée de moderniser en même temps les lois des deux ordres (vétérinaires et agronomes) a semblé plaire à tous. Le travail en ce sens serait déjà commencé.
Le Dr Bergeron y voit une bonne démarche à suivre : « On est assez impliqué dans ce dossier là avec notre ordre. Je crois que la meilleure solution ce serait que les deux lois soient étudiées en même temps, clarification dans les deux sens. Il faut tenter de clarifier au maximum, bien définir nos expertises et nos champs d'activités, une fois que c'est fait, autant pour l'ordre des agronomes que pour nous il y a avantage à ce que le message soit clair ».

À la tâche sept jours sur sept !
L'AMVPQ regroupe 480 vétérinaires. Ils sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. « C'est un gros défi ». C'est sur ces vétérinaires qui effectuent 220 000 visites à la ferme par année que repose notre « bio-sécurité ».
Le public et les vétérinaires, assure le Dr. Bergeron, sont de plus en plus sensibilisés à la santé animale et au bien-être animal et à ce que cela représente pour la population en général, la santé publique. M. Bergeron a confié que l'AMVPQ travaillait présentement, avec le MAPAQ, à la mise en place d'un système de transfert des données qui permettrait de savoir plus rapidement ce qui se consomme comme médicament (dont les antibiotiques) sur les fermes.

Dans son mémoire l'AMVPQ conclut : « En régions périphériques, la situation précaire est principalement reliée à la faible densité animale et aux grands espaces à couvrir. Le maintien des services en région pourrait devenir difficile si les agronomes empiétaient sur le camp d'activité traditionnel du médecin vétérinaire. Il serait périlleux pour les producteurs mais aussi pour la population générale de ne pouvoir compter sur des professionnels experts en santé animale et en protection de santé publique sur l'ensemble du territoire québécois ».

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