Tous les jours n’ont pas la même importance dans la vie d’une vache. Du point de vue de la nutrition, la période critique débute trois semaines avant le vêlage et se poursuit jusqu’à ce que la vache soit gestante, idéalement vers 10-12 semaines. Pendant ce court laps de temps, nos attentes sont élevées : la vache doit donner naissance à un veau en bonne santé, elle doit atteindre un bon pic de production de lait et démontrer un taux de fertilité élevé en dedans de 60-70 jours après le vêlage.
Que fait-on pour aider nos vaches à passer à travers cette période avec succès? La majorité de celles-ci a maintenant droit à des aliments spécialisés pour la préparation au vêlage ou à une ration spécialement formulée pour leur appétit limité. Par contre, malgré les contraintes uniques à chaque bâtiment, il y a encore beaucoup d’amélioration possible du côté de la régie et du confort. Par exemple, nos vaches taries sont encore trop souvent logées dans un coin sombre, moins bien ventilé, avec des stalles mal adaptées à leur besoin. Dans d’autres cas, le déménagement de l’étable de production vers le coin des taries, est une opération compliquée, créant un stress inutile aux animaux.
Fait révélateur, des études ont montré que l’impact de la ration sur le taux de réussite de la période de transition entourant le vêlage n’était que de 25% alors que les différents points de régie comptent pour 75% du succès. Pire encore: une mauvaise régie peut annuler les effets positifs d’une ration à la fine pointe. Ça explique probablement pourquoi on se retrouve, encore aujourd’hui, avec des vaches qui ne démarrent pas leur lactation en flèche.
Malheureusement, personne ne possède la formule magique d’un départ en lactation fulgurant. D’ailleurs, contrairement au domaine de la nutrition des vaches en lactation, il y a encore beaucoup de désaccord entre les chercheurs et spécialistes sur la meilleure approche à adopter pour la période de transition autour du vêlage. Dans le champ, on observe des échecs et des succès avec des approches très différentes l’une de l’autre.
Il y a pourtant deux points critiques sur lesquels les experts s’entendent, peu importe l’approche choisie. Premièrement, on doit faire en sorte que la vache ait le gout de manger pendant toute la période avant et après le vêlage. Deuxièmement, on doit lui permettre de conserver d’excellentes fonctions ruminales par la rétention d’un tapis de fibre dans le rumen.
C’est là qu’un peu d’observation et de l’intuition sont nécessaires. Pour donner le gout de manger à nos vaches en préparation au vêlage, on commence par leur servir suffisamment de ration pour que les vaches y aient accès en tout temps. Ça implique parfois de devoir diluer un fourrage jeune ou une ration à base d’ensilage de maïs par un foin plus mature ou même un peu de paille. On doit garder le rumen plein sans pour autant suralimenter l’animal. Cela aura pour effet de conserver le tapis ruminal en tout temps et de garder les bactéries ruminales actives. Les aliments doivent être de qualité: pas d’ensilage qui chauffe ni de balles rondes moisies.
Mettez-vous à la place de vos vaches. Réfléchissez aux conditions dans lesquelles elles vivent. Diminuez le plus possible leur charge de stress. Vous serez gagnant lorsqu’elles démarreront une lactation fondée sur une base solide.