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Trois partis se positionnent sur l’avenir des terres agricoles

Afin de dissiper l’épais brouillard qui plane sur l’agriculture avec le déclenchement des élections, La Vie Agricole a interviewé tous les partis politiques pour comprendre leur vision quant à l’avenir des terres agricoles québécoises. Seuls trois d’entre eux ont accepté de répondre. Le Parti Québécois par l’intermédiaire de l’actuel ministre de l’agriculture François Gendron, Le Parti Libéral du Québec par le biais du député Stéphane Billette, critique en matière agricole pour son organisation et le Parti Conservateur du Québec (PCQ) avec Albert De Martin

Questionné à savoir si le Québec doit se doter d’une société d’aménagement et de développement agricole (SADAQ) afin de contrer l’accaparement des terres, François Gendron croit que nous devons nous doter d’un mécanisme de contrôle. De la sorte, il veut assurer qu’un outil financier sera disponible afin d’aider la relève à s’établir. Sa lutte contre l’accaparement a déjà débuté avec un projet de loi sur l’acquisition des terres par les non-résidents.

De son côté, Stéphane Billette, député d’Huntingdon et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, n’aime pas l’idée d’une SADAQ si elle est copiée sur le modèle de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) de France. Chez nos homologues français, la SAFER impose une superficie maximale d’implantation aux agriculteurs, et c’est également elle qui décide à qui et pour quel prix un fermier doit vendre ses terres (droit de préemption). Cette idée est simplement grotesque pour M. Billette puisqu’on entrave grandement le libre marché en empêchant les agriculteurs d’acheter et de posséder la quantité de terres agricoles qu’ils désirent.

Pour sa part, le candidat du PCQ dans la circonscription de Huntingdon lui aussi, Albert De Martin, explique qu’une SADAQ serait aussi efficace pour le Québec qu’un bazooka pour tuer une mouche. Le membre de l’Équipe Adrien Pouliot ne voit aucun problème dans l’acquisition de terres par une seule personne puisqu’il prône avant tout le libre marché. Selon lui, la surenchère des terres est en raison des agriculteurs qui paient trop cher. M. De Martin croit qu’une meilleure formation des agriculteurs parviendrait à contrer l’augmentation des prix et ils seraient mieux protégés qu’avec une SADAQ. « Les agriculteurs doivent être responsables et ils doivent connaître la valeur de ce qu’ils possèdent. Ils pourront ainsi acheter et vendre à des prix beaucoup plus raisonnables », explique le candidat de PCQ.

Que faire de l’ASRA ?
En ce qui concerne des modifications à l'Assurance Stabilisation des Revenus Agricoles (ASRA), M. Billette croit que ce programme devrait mettre à jour ses critères d’allocation de subvention. « L’agriculture évolue. Le programme doit être adapté afin de suivre les réalités économiques actuelles. Cela nous donnera de meilleurs prix pour notre agriculture et une plus grande diversité au Québec », précise-t-il. Les agriculteurs québécois auraient intérêt selon lui à avoir un outil économique mieux adapté pour se préparer adéquatement aux instabilités du marché agroalimentaire lorsque ce programme arrivera à échéance.

Également, M. De Martin n’est pas contre des changements à l’ASRA. Cependant, il espère que les agriculteurs obtiendront leur argent du marché plutôt que par des subventions. Il croit qu’un filet comme l’ASRA doit exister en cas de problèmes majeurs, mais que ce filet ne doit pas créer de dépendance chez une industrie qui s’y accroche pour survivre.

M. Gendron assure qu’un groupe de travail se penche sur la question et possède le mandat de réviser l’ensemble des programmes et de les adapter aux réalités de nos producteurs. Aussitôt qu’il possèdera les conclusions du rapport, le ministre (s’il est réélu) se penchera sur les modifications à apporter.

Pour ou contre le monopole syndical ?
Sur la question du monopole syndical québécois de l’agriculture, les trois politiciens estiment qu’un nouveau référendum devrait avoir lieu afin d’avoir l’heure juste auprès des agriculteurs. « Le dernier référendum remonte à 1974. Il serait temps qu’on leur donne ce qu’ils désirent » ajoute M. De Martin en précisant qu’il est contre un monopole syndical. M. Billette renchérit avec le fait que le marché agricole évolue constamment, et conséquemment, les besoins des agriculteurs aussi. « Ça fait 50 ans qu’on a le même modèle. Que ce soit un monopole syndical, pour ou contre, tant que c’est eux qui décident », précise le député libéral. M. Gendron abonde dans le même sens puisqu’il déclare ne pas vouloir s’impliquer dans le débat et qu’il dit qu’il en revient aux agriculteurs de trancher sur la question.
La Vie Agricole a aussi contacté la Coalition Avenir Québec et Québec Solidaire, mais il a été impossible d’obtenir leurs points de vue sur ces enjeux québécois.

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