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Le ministre paysan

Lorsqu’il m’arrive de penser à un possible saut en politique afin de changer les choses qui freinent le développement de notre belle province, entre autres en agriculture, et bien je jette un œil du côté de tous les ministres qui n’ont fait que passer sans prendre la chose publique au sérieux et mon envie passe.

Par contre, je ne peux regarder du côté de Jean Garon sans être pris du désir d’en découdre avec l'inertie politique. Son décès nous  force à remarquer le sillon large qu’il laisse et dans lequel nombre d’entre nous avons semé.

Pour avoir parcouru le Québec agricole en bien des endroits, Jean Garon reste pour les agriculteurs d'ici  «LE» ministre de l'agriculture. Jamais il n'a paru être l'un de ces ministres passant par l'agriculture en attente d'un plus gros ministère. Il a réellement œuvré pour les gens de la terre qui l'ont senti.  Faisant preuve d'audace, il a protégé notre territoire agricole par une loi qui devrait faire notre fierté à tous, gens des campagnes et des villes.

En se dressant devant les intégrateurs industriels, surtout dans le secteur porcin, il venait confirmer qu'il avait une vision du modèle agricole et que ce modèle est familial.  Encore jusqu'à tout récemment, par écrit surtout, il prenait la défense des familles agricoles. Son amour des gens de la terre n'était pas inventé.

Il y a quelques années, par l'entremise de la Vie Agricole, j'ai eu la chance de rencontrer l'homme dans le cadre d'une rencontre des collaborateurs. Nous avions parlé d'agriculture et de modèle agricole. Il était tranchant, sans fioriture et n'acceptait pas les idées toutes faites. Au final, Jean Garon s’était montré sympathique aux revendications de l’Union paysanne, avec ce «gros bon sens» qui est la marque de commerce des paysans.

On s'est parlé souvent par la suite, toujours au téléphone en raison des kilomètres qui nous séparaient. Pourtant il y avait toujours cette même proximité dans la voix. Son départ doit nous rappeler que la politique peut, parfois et durablement, changer les choses.  L'agriculture d'aujourd'hui aurait vivement besoin de cette vision et de l'audace qui ont animé autrefois Jean Garon.

 

Benoit Girouard

Président Union paysanne

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