« Je suis persuadé que ce système-là (SRDI/Service de recueil et de diffusion de l'Information) est, en gros, un système inutile. L'idée de rapporter des prix n'est pas inutile mais ce système n'est pas utile ». Au cours d'une entrevue, M. Stéphane D'Amato, expert en commercialisation des grains, a dit respecter la décision de la régie « mais je maintiens les conclusions de mon rapport » a-t-il ajouté.
M. D'Amato était l'expert embauché par les deux producteurs qui voulaient l'abolition du SRDI pour plaider leur cause devant la Régie des marchés agricoles. (M. D'Amato est aussi chroniqueur à La Vie agricole).
Le prix des grains bougent continuellement à tous les jours. « Pour arriver à faire une bonne commercialisation il faut être capable d'analyser le marché, faire un suivi de ce qui se passe à la bourse de Chicago ». M. D'Amato souligne que le SRDI rapporte des prix dans le passé : « Ce n'est pas important de savoir (par le SRDI) le prix transigé le 24 janvier… on le sait déjà si on suit la bourse de Chicago ».
Le système n'est pas efficace et à un coût très élevé pour les producteurs. Le spécialiste explique que les acheteurs prélèvent 0.15$ la tonne, somme qui est remise à la Fédération (un revenu pour la Fédération) en même temps que la quantité au contrat. « La Fédération reçoit les prélevés et elle est capable d'en déduire les quantités de grains transigées mais l'information n'est pas rendue publique avant quatre à six semaines ». M. D'Amato estime qu'avec un formulaire web sécurisé « On saurait les quantités vendues, les quantités qui restent en inventaire et le prix moyen ». « Le SRDI aurait pu être simplement cela » ajoute-t-il.
« Avec un marché deux fois plus gros en Ontario, trente fois plus gros aux USA, ils n'ont pas un tel système ». M. D'Amato explique que dans ces régions ils engagent un préposé qui fait des téléphones à tous les jours à différents acheteurs et rapportent ces prix-là. « Toute l'industrie américaine fonctionne comme ça. Je refuse de croire que le producteur québécois est moins intelligent que le producteur américain ».
En appel
Par courriel, M. Gilles Brouillard, l'un des producteurs à l'origine de la demande d'abolition du SRDI, n'a pas voulu faire de commentaire sur la décision rendue par la Régie des marchés agricoles. Les demandeurs ont trente jours pour faire appel mais comme la décision de le faire n'est pas prise, il préfère réserver ses commentaires.
- SRDI : Règlement qui oblige les producteurs de céréales à transmettre les contrats de leurs ventes de céréales à la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec