par Jean-Pierre Lemieux
« Le SRDI (Service de recueil et de diffusion de l'Information ) est un système inutile et dépassé ». Le président du Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA), M. Jacques Cartier, voit dans la décision récente de la Régie des marchés agricoles une raison de plus pour mettre fin rapidement au monopole syndical.
Le rejet de la demande d’abrogation du Règlement sur la transmission des renseignements des producteurs a été salué comme une victoire par la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec et M. Cartier, comme producteur, est membre de cette fédération.
« Ce que je trouve malheureux c'est que d'un côté on se vante d'avoir gagné le SRDI et en même temps on a laissé tomber les producteurs. Cela représente une perte de 30M$ pour les producteurs ». M. Cartier faisait allusion à la suspension du programme Agri-Québec.
« Il n'y a eu aucune consultation, de toutes façons il n'y en a pratiquement jamais eu de consultation ». Y-a-t-il un manque de démocratie à l'intérieur de l'UPA? M. Cartier répond : « Il y a un désintéressement complet de la part des producteurs. Aux réunions l'horaire du jour est préparé et on attend les résultats. Les producteurs ne participent pratiquement plus aux réunions ».
Le projet de l'automne : la fin du monopole
M. Cartier fait de l'objectif de mettre fin au monopole syndical le projet de l'automne. « C'est certainement réaliste » dit-il. M. Cartier revient sur l'impact de la suspension du programme Agri-Québec. « On vient de déposséder les producteurs de 30M$ de revenu net dans une production donnée. Cela a autant d'impact pour les producteurs de céréales que l'accord de libre-échange pour les producteurs laitiers ».
« On a fait grand état depuis des mois de l'impact de l'importation des fromages européens; dans le cas des producteurs de céréales c'est comme si cela n'avait aucun impact sur l'agriculture au Québec ».
Pour M. Cartier ces sommes « rendaient nos entreprises plus productives, plus efficaces pour être compétitives avec les producteurs des autres provinces et autres pays ».
Tout cela provoquera un changement de ton car, dit-il, « jamais dans l'histoire moderne de l'agriculture un syndicat qui représente les producteurs ne les a laissé tomber de cette façon ». M. Cartier se demande comment un syndicat « peut accepter une perte aussi importante et donner son accord à ça sans aucune contrepartie ».
L'impact de l'abandon du programme Agri-Québec se fera sentir le printemps prochain, les producteurs le verront à ce moment-là. «Les gens vont s’apercevoir que c'est une perte nette » de prévenir M. Cartier.
« On sait qu'il y a un peu moins de 29 000 fermes au Québec, il n'est pas vrai que les 29 000 fermes sont des supporteurs de l'UPA et surtout pas de cette façon exclusive, monopolistique ».
L'après monopole
Le président du CEA dit comprendre que « des gens qui ont des productions différenciées, des productions de niche se sentent à l'aise avec l'Union Paysanne. Nous on trouve ça merveilleux. Que d'autres se sentent bien représentés par l'UPA c'est aussi correct mais que des entrepreneurs se sentent bien représentés par le CEA est aussi important ».
Comment s'organiserait « l'après monopole »? M. Cartier voit « dans un futur Québec on aura deux ou trois associations accréditées pour représenter les producteurs ». Cela se ferait « par une vraie représentation choisie par des producteurs dans les régions » ce qui ne se fait pas actuellement, estime M. Cartier en soulignant que plusieurs postes dans les syndicats de base actuellement ne sont pas comblés.