?La fin des CLD (Centre Locaux de Développement) est-elle la fin des régions ? Le tollé général levé par quelques élus lors de l’annonce de la fermeture ou du moins de l’amincissement des budgets des CLD est-il justifié ? Le ministre de L’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust écrivait dernièrement une missive aux médias pour motiver sa décision de restructurer les CLD : “ Les CLD représentent une lourde structure…“. On y emploie 1400 employés dont environ 800 conseillers et il en coûte 100 millions de dollars par an aux Québécois pour gérer une redistribution de 25 millions de dollars à des projets locaux !
Une ex-directrice de CLD se questionne
La Vie Agricole s’est plongé au cœur de la problématique en parlant à ceux qui ont œuvré au sein des CLD. Nous avons rencontré une ex-directrice générale de CLD qui a accepté de nous parler sous le couvert de l’anonymat. Bien connue dans son milieu d’origine comme plutôt proche des libéraux, elle a quand même une analyse assez critique envers le gouvernement Couillard. Si elle reconnait que dans certains cas, dans les CLD, il y a plus de masse salariale que d’argent reversé au milieu, elle précise : “ Il ne faut pas faire l’analyse en fonction de l’argent reversé aux entreprises. Il y a aussi dans les CLD des aspects techniques pour accompagner les entreprises.“
L’encadrement professionnel d’accompagnement d’entreprises justifierait donc que parfois le coût de la main-d’œuvre d’un CLD soit plus élevé que les montants redistribués par celui-ci. Elle rappelle d’ailleurs que les CLD ne sont pas que des organismes de financement.
Le risque : Plus de contrôle par les maires et les députés
Ce qu’elle craint le plus dans la réforme c’est le contrôle par les élus. “Déjà que plusieurs CLD laissaient beaucoup de place sur leur conseil d’administration aux élus politiques locaux, je crains qu’en fusionnant avec les MRC et les municipalités avec un budget amputé de 50 à 55 %, on se retrouve avec encore plus d’élus et moins d’expertise“, dit-elle. La formule du gouvernement Couillard risquerait donc en donnant moins d’argent dans les régions de donner trop de pouvoir aux potentats locaux déjà très influents dans certains cas.
Les CRE, un coup de balai nécessaire
Elle reconnaît toutefois que le gouvernement à cause de l’objectif budgétaire n’a pas le choix de toucher à de grands pans de mur du système : “ Il y a des régions qui réussiront en recentrant le plus possible leur mission sur l’accompagnement d’entreprises mais elles ne garderont que quelques employés“.
Cet impact est une perte nette pour les régions puisque les salaires du parapublic sont relativement élevés dans les régions en comparaison au privé reconnait-elle. Pour ce qui est de la disparition des CRE (Conférences Régionales des Élus), l’ancienne directrice de CLD semble moins sensible :“ Personne ne va descendre dans la rue et déchirer sa chemise pour les CRE“. Une autre manière de nous rappeler qu’à titre d’ancienne directrice de CLD, la plus grande embûche à l’objectivité dans une région reste ses élus.