En septembre dernier, selon Oxfam, la multinationale américaine de produits agricoles Cargill aurait acquis illégalement plus de 50.000 hectares de terres destinées à de petits paysans en Colombie.
Cargill se serait affranchie des limites maximales de surfaces que peut acquérir un propriétaire et aurait acheté, entre 2010 et 2012, quelque 52.576 ha via 36 sociétés différentes dans la région de Vichada (est), selon un rapport d’une ONG britannique a rapporté récemment le journal France Agricole, outre-Atlantique. « Depuis la crise de 2008, les grandes entreprises sont de plus en plus désireuses d'acquérir des terres et, en Colombie, 40 % du territoire se trouve d'une façon ou d'une autre sous contrat avec des multinationales, que ce soit pour l'agriculture, les biocarburants ou l'industrie minière », a affirmé Mme Pesquera, directrice d’Oxfam en Colombie, en présentant le rapport. Les terres acquises par Cargill étaient déclarées en friche, ce qui signifie en Colombie qu'elles devaient être destinées à un usage social, a souligné de son côté Stéphanie Burgos, également membre d'Oxfam lorsqu’interrogé par France Agricole.
Selon Oxfam, Cargill, considérée comme la grande entreprise agricole du monde, aurait été conseillée pour ces acquisitions par le cabinet Brigard et Urrutia, accusé il y a quelques mois de pratiques similaires au profit d'autres entreprises. Les plaintes concernant les agissements de ce cabinet d'avocats dans la région de Vichada auraient conduit en juillet l'ambassadeur colombien aux États-Unis, Carlos Urrutia, à démissionner pour avoir été un des associés du cabinet. Le rapport rappelle que le pays se distingue par une très forte concentration de la propriété de la terre, un pays où la moitié des ménages ruraux vivent dans la pauvreté.
Situation connue du CRM depuis 2013
Le centre de recherche sur la mondialisation (CRM) basé à Montréal explique la situation dans un document de juin 2013, intitulé Colombie : des paysans spoliés de leur terre, La violence et les dettes dépouillent les agriculteurs de leurs terres.
Le CRM rapporte : « Dans les Zones de réserve paysanne, les Unités agricoles familiales ont été créées pour déterminer la superficie maximum de terre que peut posséder une famille, dans une zone précise. Aucune famille ne peut avoir plus d’une UAF afin d’éviter le regroupement des terres. Nous observons que, bien souvent, la Loi 160 a été violée et nous enquêtons là-dessus ». Cette loi selon César Jerez, de l’Association nationale des zones de réserve paysanne (ANZORC) est violée en permanence
Situation bien différente du Québec
« On sait que près de 80 % de la terre (en Colombie) est aux mains de 14 % des propriétaires. Et que cette concentration ne cesse d'augmenter », a expliqué Mme Burgos. On sait qu’au Québec plus de 80 % des terres sont propriété des producteurs.