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92 petites fromageries à risque !

Impact de l'ACEG: comment s'y retrouver ?

Le Canada produit 78 500 tonnes de fromages de spécialité  qui correspondent aux mêmes types de fromages qu’il importe déjà d’Europe et aux nouvelles importations qui entreront chez nous suite à L'accord global  du Canada avec l’Union Européenne (ACEG). On sait qu’il ne s’importera pas des catégories importantes de fromages comme le cheddar autres que le cheddar vieilli, de la mozzarella et plusieurs autres comme le fromage cottage, le fromage à la crème, la ricotta, le jack et Monterey Jack, Farmers, romano, fromage en grain, autres fromages frais, etc. En conséquence, en soustrayant tous ces fromages bien identifiés et compilés du total de 400 000 tonnes de production canadienne, il ne reste que 78 500 tonnes qui subiront une nouvelle concurrence suite à l’ACEG.

Le quota additionnel d’importation de 16 000 tonnes de fromage alloué à l’Europe représente donc 20% de la fabrication canadienne dans cette catégorie. Ces chiffres tiennent compte du fait que le Canada importera une petite quantité de cheddar vieilli d’Europe, un marché assez restreint à date, mais qui risque de déplacer des ventes d’ici en raison de son bas prix.

Importation de l’équivalent de 92 petites fromageries

16 000 tonnes de nouveaux fromages importés est l’équivalent de la production totale annuelle des 92 plus petites entreprises fromagères du Québec (tous laits confondus) ou de huit entreprises de la taille de Fromagerie Perron. Le Canada importe déjà 20 400 tonnes de fromages et lorsque l’Accord prendra pleinement effet, il en importera un total 36 400 tonnes.  C’est beaucoup considérant que ce sera une concurrence bien ciblée. Il aurait été préférable qu’elle touche l’ensemble des 400 000 tonnes qui représentent notre fabrication fromagère totale. Ce n’est malheureusement pas le cas.

La clé pour bien des fromagers sera de traverser cette période difficile, soit les 10 prochaines années. Tous n’y arriveront pas, c’est certain. Toutefois, si nos gouvernements sont sérieux, ils ont toute l’information requise pour comprendre, chiffres à l’appui,  l’impact de l’AECG et par conséquent, cibler avec précision chirurgicale leur aide pour qu’elle soit la plus efficace possible. Le tout afin de permettre aux fromagers de s’aider eux-mêmes et le pays par extension.

Pourquoi le pays?

L’ACEG permettra  au Canada d’exporter ses fromages en Europe sans limites. A l’heure actuelle, la différence de prix de nos fromages rend cette clause inutile pour les canadiens. On sait que les fromages européens coutent moins chers à produire car les fermes européennes jouissent de plusieurs types de subsides bien documentés. Toutefois, à l’avenir l’Europe n’aura peut-être plus les moyens de se payer tous ces généreux subsides. Certains disent que c’est déjà le cas. A prix égal, la situation pourrait être inversée pour ceux qui auraient réussi à tenir le coup jusqu’à ce temps.

Alors l’importance pour les gouvernements d’aider la fromagerie à traverser cette période difficile pourrait rapporter beaucoup à l’avenir, voire, éventuellement donner raison à ceux qui ont signé la section agroalimentaire de cet accord. A tous le moins, ce serait certainement un bon investissement pour les gouvernements.

 

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