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«Un grand tournant de l’agriculture»

La Vie agricole après avoir obtenu des entrevues de fond avec le ministre Paradis et le critique agricole du Parti Québécois se devait de rencontrer la critique en matière agricole de la Coalition Avenir Québec. C’est chose faite, nous étions en sa compagnie le 18 février dernier à l’assemblée nationale.

YP :Votre position sur l’accaparement des terres et la relève agricole ? Êtes-vous pour ou contre le contrôle de l’État par la SADAQ ? Ou plus pour la liberté de transiger ? Et la relève doit-elle être appuyée par des fonds d’investissement comme dans d’autres secteurs ?

SDA :La SADAQ non c’est une structure de plus et je ne suis pas d’accord avec cela. Il faut laisser les gens libre d’acheter et vendre au montant qu’ils le veulent. Vous me parlez d’accaparement mais il n’y a pas d’accaparement des terres au Québec : 80 % des terres ici sont propriétés des québécois alors que c’est seulement 60 % en Ontario, 45 % aux États-Unis et 33 % en France. On est loin du problème qu’on essaye de créer. Je comprends qu’il faille peut-être mettre des balises pour le futur car il vaut mieux prévenir que guérir. Il faut se pencher là-dessus mais on est loin de l’accaparement des terres.

Pour la relève, oui il y a un problème de relève. C’est toujours le même problème. On a eu droit à plusieurs rapports tablettés : Le rapport Pronovost, Le libre vert, La souveraineté alimentaire…On a tous les éléments pour agir et là on nous parle d’une nouvelle commission que présidera Jean Pronovost. Je suis agricultrice avant d’être députée et j’en ai vu des solutions miracles, des mots magiques mais pas des actions concrètes. Non je ne vois pas d’un bon œil de dépenser à nouveau pour une nouvelle commission. On dirait qu’on achète du temps. Que le ministre Paradis agisse à la place !

YP : Quelle serait la différence pour les agriculteurs si vous étiez au pouvoir ?

SDA :Le monde agricole c’est un monde à part mais faut pas les mettre à part. Ce sont des gens d’affaires. Nous quand on sera au pouvoir dans trois ans et demi on mettra en place nos propositions et on reconnaitra que dans l’agriculture, il faut avoir beaucoup de respect pour les petites entreprises et pour les entreprises de grande dimension. Ça prend un équilibre de la même façon qu’il y a de petites et de grandes entreprises. M. Legault a toujours dit que les agriculteurs sont des gens d’affaires comme les autres. Et on oublie souvent que l’agriculture est le moteur économique de nos régions. En ce sens, investir en agriculture, ce n’est pas une dépense.

YP-Que pensez-vous des rumeurs qui veulent que la CPTAQ perde du pouvoir au profit des MRC ?

SDA :Il n’est pas question du tout de donner plus de pouvoir aux MRC. Mais il faut se demander pourquoi la CPTAQ n’a jamais eu de réédition de compte. Un député dans la commission m’a dit : “ On n’a pas le temps!“. C’est quoi cette réponse ? Ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas faire des lois pour les cas de comté. La rumeur est partie suite à un député qui parlait de ses cas de comté. Mais moi je répète qu’on ne fait pas des lois pour des cas de comté mais pour le Québec dans son ensemble. Mais oui, la CPTAQ a le pouvoir qu’on lui donne et  il se peut que lorsque tous les acteurs d’une région s’entendent que la CPTAQ doive l’entendre. Il faut peut-être travailler autrement avec les différents milieux .

YP-La gestion doit-elle être modifiée ? Peut-elle se maintenir avec les ententes de libre-échange qui se multiplient ?

SDA :Bien sûr qu’il faut garder la gestion de l’offre. Les producteurs sous gestion de l’offre vont bien. Il faut continuer comme cela. Et si elle est en danger, on doit la défendre.

YP- Que proposez-vous aux agriculteurs inquiets du tracé du pipeline Energie-Est? Certains se plaignent du manque d’information de l’UPA et s’inquiètent de la présence de l’UPA sur L’ONE, qu’en savez-vous ?

SDA :L’information doit être véhiculée par la compagnie en question et les syndicats de base. Moi dans ma circonscription, les agriculteurs sont bien informés. Ça appartient à L’UPA de demander de l’information. C’est de bon augure que les producteurs agricoles se questionnent et demandent des soirées d’information.

YP-Colbex a été une faillite monumentale de 90 M $, les administrateurs ne sont pas imputables. Le vol de sirop de 19 M $ n’est pas assuré.  Encore là, la fédération devra faire payer l’agriculteur.Y-a-t-il un problème d’organisation quelque part?

SDA :Oui il y a un énorme problème! ( Elle éclate de rire ). C’est à vous les journalistes de faire la recherche ! Le ministre de l’agriculture doit répondre à ces questions-là et rassurer les producteurs agricoles. S’il n’est pas capable de répondre à cela, y’a un gros problème. Il a un leadership à assurer. Moi j’ai des amis qui sont dans ce dilemme là. et je veux que le ministre rassure les producteurs agricoles

YP-Quelle est votre position sur le pluralisme syndical ?

SDA :La bonne solution dans ce domaine c’est de parler aux producteurs agricoles. S’ils ont un mécontentement envers leur syndicat respectif, c’est à eux de décider si leur syndicat fait l’affaire ou pas. Il y a des assemblées générales annuelles. Y’a des régions où il y a 750 producteurs agricoles, y’en a peut-être 20, 25 qui y vont. Donc si les 20 ou 25 sont d’accord, ils se trouvent à parler pour tous. Quand quelqu’un n’est pas content, il doit aller le dire lui-même à sa fédération. C’est aux agriculteurs de décider. Moi j’écoute l’UPA, le CEA et L’Union paysanne. Girouard est quelqu’un de très intelligent et je prends le meilleur de chacun.

YP : Donc est-ce que la loi devrait être modifiée pour permettre la cotisation au syndicat de son choix ?

SDA :Quand on sera au pouvoir dans trois ans et demi, vous me poserez la question. Là, posez la question à M.Paradis, c’est lui le ministre, c’est à lui de décider.

YP : Être une femme dans le milieu agricole, est-ce particulier ?

SDA :Non c’est pareil. Partout où je suis passée j’ai essayé d’avoir moitié homme, moitié femme sur mon conseil. Mais non je ne vois pas de différence en agriculture le fait d’être une femme et je n’en vois pas non plus en politique. Je pense que ce débat-là est en arrière de nous. Je pense humblement que je sais de quoi je parle, que je sais qu’elle est la réalité du monde agricole et qu’on est à un grand tournant.

YP: Comment définissez-vous ce grand tournant ?

SDA :Il faut revoir la façon de faire. Voir comment on définit un agriculteur. Moi je vois des paliers : il y a les habitants, sans aucun sens péjoratif, des paysans, des producteurs et des investisseurs. Et on peut avoir de la relève dans tous ces paliers-là ! On a cela dans le monde des affaires, des petites entreprises, des moyennes entreprises et des grandes entreprises.

YP : Permettez-moi de vous relancer : on a ça aussi dans le monde des affaires, plusieurs syndicats ?

SDA : (Elle éclate de rire ) Oui mais ça il faut que le monde agricole le veuille…(elle poursuit)… je pense qu’ils connaissaient leur force avant et que maintenant c’est bof c’est comme ça ! Mais la relève agricole j’ai tellement confiance, on va peut-être arriver à un changement !

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