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La Saga de l’Expo provinciale

Suite à la sortie de Christian Pons, directeur général de l’Expo provinciale à Montmagny dans notre journal de mars, sur les enjeux qui attendent les expositions agricoles du Québec, les remous ont été nombreux. Pons exprimait son souhait de voir plus de concertation avec les fédérations et les associations et plus d’éthique au sein des conseils d’administration. Plusieurs intervenants ont alors parlé à La Vie agricole. 

Un cas d’UPAC ?

Le ministre Paradis a déclaré, par la voie de sa directrice de cabinet, que pour ce qui est de choses douteuses que Christian Pons évoque, le directeur de l’exposition provinciale doit s’il pense qu’il y a des choses à dénoncer, prévenir les autorités compétentes, l’UPAC ou la SQ.

Étienne Roy souhaite que tous s’expriment

Pour Étienne Roy, propriétaire d’Équipements Laitiers Bilodeau, la différence d’achat et de revente d’un écart de 162 250 $ se justifie par le transport, l’entreposage et le coût humain. De plus, selon M. Roy, le matériel acheté par la SACM vaudrait deux fois le prix qu’il leur a vendu, si la société d’agriculture avait dû s’équiper en neuf. Etienne Roy nous a dit être soucieux que les propos tenus à La Vie agricole par Christian Pons n’entachent pas la réputation de son entreprise qui a de nombreux clients lecteurs dans notre publication. Il souhaitait ardemment que La Vie agricole parle dans les semaines suivantes aux autres intervenants qui géraient la Société d’Agriculture du Comté de Montmagny en 2013 du temps de ces transactions: M. Simon Boulet, l’ex-président; L’ancienne directrice générale, Mme Isabelle Desrosiers; Mario Cantin ex-vice-président de la SACM et maintenant secrétaire.

Mario Cantin : “ C’est frustrant, on s’en est fait passer une p’tite vite  !“

“Si vous vous rappelez bien, on était en crise à l’époque avec la démission de quatre membres du conseil d’administration. On ne pouvait pas techniquement aller en soumission à Expo-Québec car le conseil d’administration n’avait pas quorum. Il n’y avait  plus sur le conseil que Simon Boulet, président, Sylvie Dionne et moi. Avec Sylvie, quand on a su que la compagnie Équipements Laitiers Bilodeau allait en soumission, on trouvait ça bien en se disant, on n’aura pas à négocier avec une autre expo. Mais comme au final, seuls Simon Boulet et la directrice générale de l’époque ont négocié avec Étienne Roy le propriétaire d’Équipements Laitiers Bilodeau, on a était très surpris d’apprendre que la différence entre l’achat par Étienne Roy et la SACM soit de 170 000 $. C’est frustrant! C’est clair qu’on s’en est fait passer une petite vite!“

Contrat de gré à gré et lien familial ?

À la question à savoir s’il s’agissait bien d’un contrat de gré à gré, M. Cantin confirme : “ Oui, cela s’est fait de gré à gré mais on n’avait plus le temps de lancer un appel d’offre en mai. On était coincé dans le temps ! Il n’y avait pas de matériel disponible ailleurs et oui  il est vrai qu’un tel matériel vaut le double en valeur à neuf.  Mais le profit qu’on nous avait annoncé était de l’ordre de 50 000 $. Encore une fois c’est Simon Boulet et Isabelle Desrosiers qui ont négocié. Et ce que Christian Pons vous a dit quant aux liens familiaux entre Simon Boulet et Etienne Roy est vrai.“

Sur la chaine TVweb régionale,dans une entrevue, il ajoutera avec Michel Montminy: “ L’achat des équipements à la SACM, c’est pas le deal du siècle“ – voir le lien : http://cmatv.ca/videos/mario-cantin-secretaire-de-la-sacm-19-mars-2015/

“ L’UPA, j’ai de la misère à les suivre“`, Mario Cantin

Sur l’autre sujet abordé avec Christian Pons et le manque de concertation entre les associations, les fédérations et les expositions, Mario Cantin confirme le même discours que le directeur général : “Nous constatons que la concertation n’est pas là. Les associations ne participent pas forcément adéquatement aux expositions agricoles et dans ce dossier-là, je ne sais pas trop ce que fait l’UPA. Je ne suis plus producteur depuis 4 ans et L’UPA, en ce moment, j’ai de la misère à les suivre !“

“ On était tous d’accord là-dessus“ dit l’ex-président

Simon Boulet rejoint par La Vie agricole confirme la version de Mario Cantin quant à la raison pour laquelle la compagnie Équipements Laitiers Bilodeau a acheté les équipements à Expo-Québec plutôt que la SACM : “ On avait annoncé l’Expo provinciale mais on ne pouvait pas aller sur l’appel d’offre d’Expo-Québec car le bureau de direction était en reconstruction.“

Par contre il nie que des liens familiaux soient à l’origine de la transaction : “Ensuite pour l’achat des équipements à la compagnie d’Étienne Roy, on était tous d’accord là-dessus. Mario Cantin était au courant et Sylvie Dionne aussi. Moi j’ai pas fait ça tout seul. Et il n’y pas d’affaires de famille là-dedans. On a du faire une entente de gré à gré, parce qu’on n’avait plus le temps de lancer un appel d’offre. On était à la dernière minute. La différence entre le montant acheté par Équipements Laitiers Bilodeau et l’achat par la SACM est dû à des couts identifiés comme le transport, l’entreposage et le coût humain.“

Questionné sur le manque de concertation entre les expositions et les associations, il dira : “ Je ne m’occupe plus des expositions agricoles. Je sais que le sujet de la concertation entre les expos et les associations/fédérations, se discutait à l’époque mais là je ne suis plus là.“

L’AEAQ s'interrogeait avant nous !

Le directeur de L'Association des expositions agricoles du Québec (AEAQ), François Brunet, a été peu bavard mais a précisé à La Vie agricole après s’être dissocié des propos de Christian Pons sur les transactions douteuses dans certaines expositions : “ On considère que le MAPAQ a les compétences et les pouvoirs pour gérer ses subventions et le MAPAQ interviendra s’il en juge ainsi.“ Nous avons voulu savoir pourquoi l’AEAQ avait elle aussi fait une demande à la loi d’accès à l’information sur les transactions entre Expo-Québec et Équipement Laitier Bilodeau. Il nous a dit :“L'AEAQ s'est renseignée sur la transaction tout bonnement pour connaître le processus utilisé pour la vente des équipements et le prix de vente de ceux-ci`. Il est clair que L’AEAQ ne semble pas trop vouloir développer sur la problématique du financement des fédérations et associations versus les expositions, comme le dénonce Christian Pons et Mario Cantin. Parmi les autres soumissionnaires sur le matériel d’Expo-Québec, on retrouve plusieurs intervenants du milieu agricole dont la Société d’agriculture de Sainte-Hyacinthe et Encan Boulet inc, une compagnie propriété de la famille Boulet, qui a fini la plupart du temps comme deuxième soumissionnaire.

Pons pris dans ses vérités

Christian Pons après l’entrevue qu’il a lui-même sollicitée, a ensuite réécrit à La Vie agricole signifiant que les titres du journal lui paraissaient exagérés. Il a conclu ce dernier échange avec nous par cette phrase : “ Je confirme que le fait de ne pas être d'accord sur la forme donnée à mon entrevue, ne signifiait pas l'absence de vrai problème.“ Et il ajoutait quelques jours après sur la chaine régionale TVweb cmatv.ca que la SACM avait dû au final emprunter pour assumer l’achat des équipements. Et concluait l’entrevue en disant : “Je suis inquiet pour après 2015 mais au moins je vais rencontrer le ministre Paradis.“

http://cmatv.ca/videos/christian-pons-directeur-general-de-la-societe-dagriculture-du-comte-de-montmagny-18-mars-2015/

Expo provinciale pas tenable à Montmagny?

La première directrice de l’Expo va dans le sens de Pons : Il y a manque de financement pour les expos. Isabelle Desrosiers, ex-directrice générale de l’Expo Provinciale de Montmagny lors de sa première édition en 2013 confirme la version du directeur général actuel : “Le financement des expositions agricoles c’est comme les syndicats d’agriculteurs. On cotise à la base mais pour faire vivre la tête. On envoie cela là-haut. Le retour au palier primaire n’est pas facile. Et c’est vrai que souvent il y a des problèmes d’approvisionnement pour les expos“, nous a-t-elle confié.

Interrogée sur la viabilité de l’Expo Provinciale dans la Capitale de L’Oie blanche, elle a été assez radicale :“ Je ne suis pas sûr qu’à Montmagny, on soit capable d’aller chercher les visiteurs nécessaires. Les agriculteurs, eux, ont toujours suivi n’importe où. La rentabilité d’un évènement à Montmagny que ce soit agricole ou autre domaine c’est pas vraiment tenable“, a-t-elle conclu.

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