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La gestion de l’offre affaiblie

Je ne vous apprendrai rien en indiquant qu’au Québec, le secteur agroalimentaire est en pleine mutation avec la mondialisation et la globalisation des marchés. Cette donne économique comporte certains avantages mais des inconvénients majeurs risquent de mettre en péril la vitalité de plusieurs entreprises familiales autour desquelles se sont développés nos municipalités et nos villages.

Des ententes internationales négociées dans le plus grand secret viennent dorénavant sceller l’économie de nos marchés agroalimentaires sans que les intéressés en soient partie prenante et puissent, en cours de négociations, faire entendre leurs points de vue. À titre d’exemple, l’inquiétude des producteurs laitiers du Québec sur la gestion actuelle de l’offre sur le marché. Cette inquiétude, ils l’ont clairement exprimée en avril dernier au ministre d'État à la Petite Entreprise, au Tourisme et à l'Agriculture, Maxime Bernier, à l'occasion de leur assemblée générale annuelle.

Quel intérêt pour le Canada ?

Je vous rappelle que l’accord conclu avec l’Union Européenne (UE) fera en sorte que la gestion de l'offre a été affaiblie. Position exprimée par le ministre québécois Pierre Paradis lors de cette rencontre à l’adresse du ministre fédéral.  Force est de constater que cet accord permet l'importation de 17 700 tonnes de fromages. Vous voyez déjà l’effet sur la gestion de l’offre qui permet aux producteurs laitiers de négocier collectivement les prix et de planifier la production afin de répondre à la demande des consommateurs. En résumé, la gestion de l’offre vise à apporter un meilleur équilibre dans le marché, à éviter les fluctuations imprévisibles et à assurer une stabilité des prix.

Pour pallier aux inconvénients  de cette entente avec l’UE, le gouvernement fédéral s'est engagé à compenser les pertes que les producteurs et les transformateurs subiront. Alors, quel est l’intérêt du Canada de signer de telles ententes si l’effet immédiat est de sabrer dans notre économie locale et régionale et de supprimer des milliers d’emplois et qu’en plus, il doive compenser les pertes des producteurs et des transformateurs?

En fin de compte, quelle est la valeur ajoutée de ces ententes? Il me semble que l’économie est nulle!

Au Québec, la production et la transformation laitière, ce sont quelque 5 856 fermes, 110 usines, 83 000 emplois directs et indirects, 6,1 milliards $ de contribution au PIB et 1,3 milliard $ en retombées fiscales. Peut-on se priver de telles retombées dans nos territoires ruraux!

Quel est le poids réel du Canada dans le PTP ?

Le gouvernement fédéral vient à peine de mettre en place l’entente avec l’UE qu’il s’apprête, sans savoir son impact réel, à ouvrir les marchés canadien et québécois à d’autres économies en quête de débouchés commerciaux. Faut-il rappeler que plusieurs de ces pays n’ont pas à produire avec les mêmes normes en matière de protection de l’environnement.

Il semble qu’une nouvelle entente sera signée d'ici l'été 2015. Imaginez que le prochain accord comprendra le Canada, les États-Unis, le Mexique, le Pérou, le Chili, le Japon, le Viêtnam, le Brunei, la Malaisie, Singapour, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Il s’agit de l'Accord de partenariat transpacifique (PTP) visant à intégrer les économies des régions de l'Asie et du Pacifique. En raison des partenaires visés par cet accord, quel est le poids réel du Canada?

Par conséquent, la conduite des négociations est importante voire cruciale pour notre secteur agroalimentaire. Avec la position adoptée avec l’UE (compensation pour les producteurs et transformateurs québécois), on est en droit de s’interroger sur la capacité du Canada à défendre sa position sur la gestion de l’offre.

Jusqu’à ce jour, les réponses viennent une fois l’accord conclu. J’appuie les producteurs laitiers qui ont, à juste titre, souligné au ministre Bernier la nécessité de faire reconnaître dès le début des négociations, le maintien de la gestion de l'offre.

Il est toujours temps monsieur le ministre d'État à la Petite Entreprise, au Tourisme et à l'Agriculture, de réfléchir à la participation canadienne aux négociations pour l’Accord PTP. À tout le moins, il m’apparaît urgent de développer avec les ministres des provinces dont celui du Québec une stratégie percutante pour faire entendre raison à ces partenaires concernant les préoccupations légitimes de nos producteurs et transformateurs sur la gestion de l’offre.

Si on veut livrer un tel combat, faut-il être bien préparé et sûr de le gagner, sinon les pertes escomptées n’en valent pas la peine!  Et ça, je n’en suis pas sûr!

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