Alors qu’il était impensable d’oser parler de la gestion de l’offre sans faire une profession de foi au système dans la même phrase, aujourd’hui on lui lance des pierres à qui mieux, mieux sans peurs des retombées négatives pour sa propre carrière, ni pour son avenir.
Que s’est-il passé?
Il faut regarder l’histoire pour voir que la nature humaine progresse dans le temps non pas de manière linéaire mais à la façon d’un pendule qui bascule d’un côté à l’autre avant de retrouver à long terme un certain équilibre dans le milieu. Plus la tendance est forte, plus son contraire ira loin avant de retrouver son équilibre.
Et nous basculons aujourd’hui. A entendre les critiques, il est difficile de croire qu’on parle essentiellement du même système qu’on encensait aveuglément dans tous les milieux.
La gestion de l’offre, implacable et inflexible, est maintenant perçue comme le tendon d’Achille qui nuit aux négociateurs d’ententes internationales et surtout, à tous les secteurs industriels canadiens les plus dynamiques qui cherchent agressivement à développer de nouveaux marchés à l’étranger pour faire rayonner notre économie.
Des leaders laitiers canadiens savent que le pendule prend son envol du mauvais côté et cherchent depuis quelques années à orienter et négocier le système vers quelque chose d’hybride ou du moins adaptable dans ce nouveau monde. Toutefois, le système laitier est infiniment détaillé et complexe et les seuls qui le comprennent vraiment sont ceux qui l’ont élaboré détails par détails dans les 10 à 20 dernières années. Il faudrait peut-être d’autres cadres de réflexion car le monstre qu’ils ont créé ressemble à un obèse morbide qui tarde à se remettre en forme.
La peur est omniprésente
Le système de gestion de l’offre est canadien mais d’application provinciale. Comment concilier les intérêts des provinces qui ne veulent rien perdre, des producteurs qui ne veulent rien perdre et des nombreux intérêts divergents et compétitifs des manufacturiers qui ne veulent rien perdre? La peur est omniprésente! D’autant plus, que rares sont ceux qui comprennent le système dans ce groupe et encore plus rares sont ceux qui peuvent comprendre les alternatives à considérer.
Une armée qui a peur est une armée en déroute. Nous en sommes là.
De plus, ces trois groupes sont trop bien servis par la gestion de l’offre pour avoir la détermination du changement, même s’il est nécessaire à sa survie. A ce stade-ci, le principe est simple : si tu ne changes pas l’histoire c’est elle qui te changera et évidemment, ce ne sera pas dans ton meilleur intérêt.
On a peut-être tendance à oublier que l’icône d’autrefois n’est plus tendance.