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Enrichir des actionnaires de multinationales ?

Il est clair que le sort du système de la gestion de l’offre reste encore d’actualité quoi qu’éclipsé récemment par la campagne électorale, les signes d’une récession imminente et bien sûr la chasse aux sorcières du «procès Duffy ». Certes, les négociations à Hawaï, il y a quelques semaines, n’ont pas abouti à la signature d’un accord concret. Ce n’est que partie remise durant les prochaines rencontres cet automne. 

Face à ce constat, il est intéressant d’évaluer les différentes stratégies de communication qu’ont prise les deux plus grandes fédérations laitières aux pays. D’un côté les producteurs laitiers du Québec ont préconisé une campagne publicitaire publique forte afin d’inciter non seulement leurs membres mais aussi les consommateurs et par le fait même les différents décideurs publics à s’unir et à promouvoir le système actuel. Tandis que, les producteurs laitiers de l’Ontario ont été beaucoup plus discret dans leur démarche prétextant faire leur travail de promotion en arrière-plan directement avec les politiciens. 

 D’un point de vue personnel, je préfère la première approche afin de bien communiquer aux consommateurs et d’expliquer notre système à travers les médias et les différents réseaux sociaux. Quoi de mieux pour promouvoir un système que d’être à la Une des tribunes. Je réitère le fait qu’il est primordial de toujours garder la pression sur les décideurs publics. Les enjeux sont majeurs et il en va du futur des différentes filières agricoles soumises aux contingentements.

La réalité, étant que depuis son instauration le système de la gestion de l’offre a toujours eu ses détracteurs venant essentiellement d’Économistes théoriques de droite proches de la grande entreprise et préconisant un «pro-déréglementations à tout prix». Cette thèse nous a été inculquée à maintes reprises lors des dernières années. Sans trop apporter les bienfaits pour les agriculteurs canadiens en contrepartie tous les arguments étaient bons pour se départir de ce système dit « archaïque » : Manque de compétitivité, secteur en déclin, pertes d’opportunités sur les marchés internationaux, etc… Ceci étant dit, à chaque argument énuméré sur la place publique par ses « quasis-lobbyistes » les conjonctures économiques semblent les rattraper. Il y a 18 mois le Conférence Board du Canada implorait la classe politique de démanteler le système afin que les producteurs puissent s’attaquer à la demande asiatique. Le constat est bien différent aujourd’hui… Le prix du lait mondial est en chute libre depuis les derniers mois et les excédents de produits laitiers ont très peu de débouché sur les marchés d’exportation. Les conséquences sont désastreuses non seulement en Europe, mais aussi dans plusieurs autres pays.

Ainsi, le système de la gestion de l’offre à mon sens n’est pas parfait mais il garantit un rapport de force égal entre les agriculteurs et les transformateurs. N’oubliez pas que le jour ou nous ne sommes plus sous quotas, c’est le jour où nous perdrons sensiblement tout pouvoir de négociation. Faites-vous confiance aux grandes entreprises pour vous dicter votre prix du lait? Pourquoi devrions-nous enrichir une poignée d’actionnaires des multinationales alimentaires au détriment de toute la communauté agricole canadienne? 

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