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Le produit agricole n’est plus la propriété des producteurs

“L’agriculteur n’est plus propriétaire de son produit “ nous ont déclaré Daniel Gaudreault et Steve Côté, producteurs de sirop d’érable et un producteur de bovins qui lui a souhaité garder l’anonymat de peur de se retrouver “pourchasser“ par pression de son syndicat sur des contrôles environnementaux ! La juge Marie Saint-Pierre, nous disent-ils, a émis un jugement où elle déclare que le produit agricole s’assimile à un droit de propriété de la part de la Fédération* et ils en déduisent donc que le produit agricole n’est plus la propriété des producteurs.

Daniel Gaudreault et Steve Côté sont connus pour avoir eu des démêlés avec la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. C’est au Saint-Hubert de Drummondville que La Vie agricole les a rencontrés le 28 septembre dernier. Ils nous ont livré leur verdict sur l’état de l’agriculture au Québec, comme un message d’espoir qu’ils espèrent que le ministre Paradis entendra.

Daniel Gaudreault sait très bien que parler aux médias peut coûter cher: “Mon problème a commencé avec la Fédération lorsque j’ai commencé à parler aux médias mais aujourd’hui je n’ai plus rien à perdre. Je passe en jugement à la régie le 14 octobre et je m’attends au même sort que Steve Côté.“

Steve Côté a lui été débouté en Cour supérieure et Cour d’appel pour avoir vendu via des intermédiaires du sirop d’érable sans tenir compte du plan de commercialisation de la Fédération. Début septembre, la Cour suprême a refusé d’entendre sa cause. Leur souhait est pourtant simple, disent-ils : “Que les producteurs de sirop d’érable aient le droit comme tout autre producteur canadien de vendre son sirop à l’étranger“

Pour le producteur de bovins présent lors de la rencontre, il y a une seule solution, il faut dissocier le syndicat des offices de mise en marché.

“ Tu ne peux pas être des deux bords, dit-il. Il faut en venir au pluralisme syndical et même que ça prend plus que ça. Ça prend une liberté de choisir d’être représenté ou pas par le plan conjoint. Vous rendez-vous compte qu’avec le jugement de la juge Marie St-Pierre, le produit agricole n’appartient plus au producteur !“, dit-il.

La baisse de la production québécoise à cause d’une brèche de 100% !

Daniel Gaudreault renchérit : “Pouvez-vous m’expliquer pourquoi un acheteur de sirop peut acheter comme il veut aux États-Unis et que nous on ne peut pas vendre. Ça marche que dans un sens et pendant ce temps-là la production se développe avec de l’expertise québécoise au sud de la frontière. Dans quelques années on ne fera plus que 50 % de la production mondiale de sirop d’érable au Québec. On se croirait en Russie tellement on est attachés.“

Leur rappelant que leur situation d’envahissement par les États-Unis n’est pas sans rappeler l’invasion des protéines laitières dans la crise du lait et du beurre qui étouffe les producteurs laitiers québécois, ils diront : “ On compatie un peu avec les producteurs de lait mais quand on voit que ça grimpe dans les rideaux pour une brèche qui risque d’être de 10 % alors que nous on en a une de 100 % !!“

Daniel Gaudrault voudrait aussi comprendre pourquoi la régie lui a interdit de présenter certains témoins assignés dont des acheteurs“ Ils auraient pu dire sous serment la quantité qu’ils importent des États-Unis“

Leur solution : croire en Paradis

“On attend beaucoup du ministre Paradis et du rapport Gagné. On a hâte aussi de voir le jugement d’Angèle Grenier le 25 janvier prochain qui elle défendra en Cour d’appel le droit d’exporter directement sans intermédiaire“. Le cas de M. Côté concernait le droit d’exporter aussi par intermédiaire. “`Le ministre Paradis fait pas mal d’actions à travers lesquelles on voit bien qu’il veut changer le fonctionnement de l’agriculture, nous diront-ils. Cela fait longtemps qu’on n’a pas eu un tel ministre à la tête du MAPAQ!“

La Fédération a deux discours !

Il s’étonne que la Fédération disent dans les médias  n’avoir que quelques dizaines de réfractaires au plan conjoint. La Fédération le réitérait d’ailleurs dans la dernière publication de La Vie agricole alors qu’ils parlent dans leur journal interne envoyé aux producteurs  de 25 % de mécontents : “ C’est eux-mêmes qui l’écrivent, nous dit M.Gaudreault, et 25 % de 7200 producteurs,  ça fait au moins 1500 mécontents. Mais tout le monde n’ose pas s’exprimer comme nous car ils savent la menace qui pèsera sur eux !“

 

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