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‘’Je ne lâcherai pas le morceau en 2016!’’

La députée de Mirabel et porte-parole de la Coalition Avenir Québec (CAQ) en matière d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation, Sylvie D’Amours, estimait avec fierté en décembre, qu'elle n'avait pas laissé un seul moment de répit au ministre libéral Pierre Paradis à l’automne dernier. Elle prétend même avoir semé plusieurs graines dans la tête du ministre Paradis. La Vie agricole a eu un long entretien avec elle pour faire le point sur les dossiers agricoles en fin d’année 2015 et revenir sur le bilan du dernier congrès de L’Union des producteurs agricoles (UPA)

“Legault: un chef à la CAQ qui croit à l’agriculture“, dit Sylvie D’Amours !

Selon la CAQ, les gains obtenus pour les agriculteurs au cours de la dernière session parlementaire sont majeurs. “Et cela témoigne bien de l'importance qu'accorde notre formation politique et notre chef François Legault à ce secteur économique“ a déclaré Sylvie D'Amours.“ Il a même participé à la Fête champêtre avec moi dans ma région cette année pendant ses vacances!“, dit-elle.

Expropriation des terres agricoles : La CAQ surveille encore!

Sylvie D’Amours estime que ses efforts déployés pour contrer l’implantation d'un pôle logistique dans la région de Vaudreuil-Soulanges ont été payants. “C’est seulement en fin de session que Pierre Moreau et Pierre Paradis ont commencé à fermer la porte quant à une possible expropriation d'une trentaine de fermes et de terres agricoles, parmi les plus belles et les plus riches au Québec“, déclare-t-elle.

“J'ai rapporté à l'Assemblée nationale tous les témoignages et les cris du cœur de centaines de producteurs inquiets. Je suis fière d'avoir enfin fait entendre raison au ministre mais la question est à regarder de très près en 2016 car si Vaudreuil-Soulanges est épargné, un peu plus loin à Coteau-du-lac, des inquiétudes persistent, et l’on craint encore du dézonage “, nous a déclaré Sylvie D'Amours.

Une taxe santé pour les produits non conformes aux règles d’ici

Dès l’entente du partenariat Transpacifique réglée en octobre dernier, Sylvie D’Amours dit avoir exigé du ministre Pierre Paradis une véritable défense des intérêts des producteurs laitiers, d’œufs et de volailles du Québec. Elle considère cet accord comme bon dans l’ensemble pour l’accès aux nouveaux marchés mais elle se dit consciente de l'inquiétude des agriculteurs qui maintiennent des fermes familiales partout au Québec depuis des générations et se dit très au fait des pertes financières qui sont réelles dans les exploitations.

“Je ne lâcherai pas le morceau !“, Sylvie D’Amours

“Cet accord m'inquiète grandement puisqu'en à peine deux ans, la gestion de l'offre a été chamboulée plus d’une fois. On sait que les producteurs agricoles du Québec subiront d'importantes pertes, mais c'est au ministre de faire les représentations nécessaires à Ottawa pour amortir le choc. Le Canada doit écouter le Québec et l’Ontario. On doit obtenir la réciprocité des produits ou alors il faut mettre une taxe santé sur des produits qui n’ont pas les mêmes normes que chez nous. Il n'y a pas un jour qui passe sans que je demande au ministre de rassurer le milieu. Je ne lâcherai pas le morceau en 2016“, a-t-elle assuré

“Sur le bien-être animal, Paradis craint les religieux !“

La critique en matière agricole à la CAQ estime avoir livré un combat honnête lors de l'étude de la loi 54 sur le bien-être des animaux. Par pure partisannerie, les mesures avancées par la CAQ sont tombées dans l'oreille d'un sourd, pense-t-elle toutefois. Et la CAQ estime que la loi n’est pas allée assez loin sur l’insensibilisation de l’animal lors de l’abattage rituel.

“Il aurait fallu retrouver dans la loi, les mots : “Insensibilisation avant la saignée“. D’ailleurs le règlement existe déjà pour les abattoirs de proximité mais, malheureusement, le flou persiste encore aujourd’hui, car le ministre n’a pas voulu aller plus loin“, a déploré Mme D’Amours.

Elle considère que le ministre Paradis a maintenu un flou sur cet aspect en raison des craintes du parti libéral face à son électorat religieux. “ Le parti libéral a toujours était frileux sur les dossiers liés aux religions. Regardez la charte des valeurs. On dirait qu’il y a un mur de briques quand on leur parle de religions“

Sur la crainte des producteurs à vivre des poursuites de la part de groupe de protection des animaux suite à la nouvelle loi, Mme D’Amours maintient son discours : “ Un animal est un animal qu’il soit d’élevage ou domestique. Les producteurs n’ont rien à craindre car ils n’ont rien à envier aux autres pays dans ce domaine. La mauvaise image du Québec sur le bien-être animal ne vient pas des producteurs mais des usines à chiots. Mais oui, j’ai bien senti au dernier congrès des inquiétudes des producteurs. Mais on sait qu’au Québec les codes de bonne pratique sont dans l’ensemble respectés. La peur des producteurs n’est pas justifiée. Et si l’UPA parlait à sa base, on ne laisserait pas trainer un doute.“

“Au congrès de L’UPA, un déficit passé sous silence ! Je suis estomaquée !“, déclare Sylvie D’Amours.

“Je suis estomaquée de voir qu’un budget d’une telle ampleur soit présenté en 3 minutes dans le cadre d’un congrès et en plus ils n’ont présenté que le budget de la maison mère. On y parle d’un déficit de près de 300 000 $ et on ne pose pas de questions. Je le répète. Je suis estomaquée! Ce déficit a été passé sous silence!“dit-elle.

Sommet de l’alimentation : “Que veut vraiment Paradis ?“

“ J’espère que ce n’est pas encore un sommet qui va finir avec des conclusions tablettées comme l’ont été les rapports dans le passé.“ dit-elle. À la question à savoir si, selon elle, cette démarche peut amener le ministre Paradis à enlever du pouvoir à l’UPA en donnant la gestion des plans conjoints à plusieurs acteurs de divers secteurs: production, transformation, distribution, consommation, Sylvie D’Amours explique : “ J’avais l’impression à son début de mandat qu’il allait faire ça, enlever du poids à l’UPA. Mais on dirait qu’il y a tellement de pression du parti québécois pour le statu quo, même si ça ne l’énerve pas le ministre, qu’il hésite. Est-ce à cause de certains députés ruraux de son parti ? Mais c’est vrai qu’au sein de son caucus il a eu des difficultés avec les ministres Daoust et Leitao. Il fait trop cavalier seul. Il fait ce qu’il faut mais on dirait que lorsqu’il y a de la pression dans son propre parti, il met cela de côté. Je ne veux pas le défendre mais avec le rapport de l’Institut du Québec, il a réussi à positionner le secteur comme moteur. Mais il faut qu’il arrive à ses fins. C’est ça que je déplore, sa lenteur. Il y a toujours le danger d’un remaniement et alors là tous ces efforts seraient perdus“

Terres agricoles : “La FRAQ devra accepter du privé“

“J’ai été surprise au dernier congrès de L’UPA de voir que le mot accaparement des terres n’existe plus dans le vocabulaire de la FRAQ. Et c’est bien vrai, ça n’existe pas au Québec l’accaparement !“

Elle nous répètera que la FRAQ, à qui elle a demandé sa liste de membres, ne lui a jamais fournie. “ La liste je l’aie jamais eue car en fait ils sont peu nombreux lorsqu’ils se réunissent autour d’une table !“ nous dira Sylvie D’Amours.

“À savoir si la FRAQ a évolué sur sa position, je ne sais pas encore mais je travaille ouvertement et je pense que la FRAQ devra se tourner vers le privé pour réaliser les rêves des jeunes de la relève. Sur 900 diplômés chaque année si 700 n’ont pas de famille dans le milieu agricole, il leur faut bien des investisseurs. C’est comme un jeune qui veut acheter un Tim Hortons, ça lui prend un investisseur. Et les compagnies privées comme Pangea peuvent jouer ce rôle-là. Et puis s’il y a des acheteurs comme Pangea, c’est parce qu’il y a des vendeurs!“ dit-elle.

“La FRAQ n’aura pas le choix un jour de regarder à de nouveaux financement pour les jeunes mais L’UPA résiste car le syndicat craint de perdre du pouvoir. C’est sûr que le jour où tu t’entends avec des compagnies comme Pangea, tu peux plus faire des présentations d’états financiers comme l’UPA a fait devant les producteurs à son dernier congrès!“, déclare-t-elle alors.

Dans la production d’érable : “D’abord penser aux jeunes !“

“Je n’ai rien contre les nouveaux contingents mais il va falloir penser aux jeunes. Ça ne suffit pas de faire un congrès et de présenter une vidéo de promotion de l’érable qui ferait pleurer une Madonne, il faut donner les nouveaux contingents aux jeunes.“, souligne la critique en matière agricole à la CAQ.

Revoir la gestion de la CPTAQ, une nécessité

Il était grand temps, selon elle, que tous les élus puissent se pencher sur la gestion interne de la CPTAQ.

“La CPTAQ est un organisme d’État qui avait été scruté à la loupe qu'une seule fois depuis sa création en 1978. Grâce à mon intervention, nous avons été en mesure de proposer, toute allégeance politique confondue, plusieurs recommandations afin que les fonds publics dont dispose la CPTAQ servent vraiment les intérêts du monde agricole“, a exposé Sylvie D’Amours sur la gestion des terres agricoles.

Et le pluralisme syndical : “Quand le législateur bougera-t-il?“

Nous n’avons même pas eu besoin de poser l’éternelle question sur le pluralisme syndical. Alors que le sujet n’était pas à l’ordre du jour, Sylvie D’Amours en fin d’entrevue nous a déclaré :“ Savez-vous qu’au dernier congrès de l’UPA, dans un couloir, alors que j’étais avec le ministre Paradis, un producteur a demandé “ C’est pour quand le pluralisme syndical ?“ et en fin renard politique qu’il est, il lui a répondu : “ Parlez-en à Mme D’Amours, elle va s’occuper de vous !““, nous raconte-t-elle.

Elle ajoutera : “ On remet toujours le problème dans la cour des producteurs mais comment peuvent-ils se positionner ? C’est au législateur de bouger ! C’est un cercle vicieux. Il faut arrêter de pelleter le problème chez le producteur. Pour y arriver, il faut sortir les aberrations qui concernent le secteur et dire ouvertement : “Oui l’UPA a lieu d’être mais les autres aussi. On les écoute de toute façon!“ dit-elle.

Elle conclura en nous déclarant :“Je vais rappeler en 2016 qu’un producteur qui ne paye pas sa cotisation syndicale peut ne pas recevoir son remboursement de taxes. Pourquoi brimer quelqu’un parce qu’il n’a pas payé son syndicat ! Il faut changer la loi !“

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