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Des prix dopés par le dollar

Le dollar canadien est habituellement évoqué quand on fait le calcul du prix du maïs, de la fève soya ou du blé. Puisque le prix de tous les grains produits au Canada est formé à partir de ces 3 produits américains, il est approprié de suivre le cours du dollar canadien puisqu’il a un impact direct sur le prix de nos grains. Le dollar canadien, comme toutes les autres devises, est coté en dollar américain: US$0,70 pour 1 dollar canadien.

Avant la venue des fonds d’investissement sur les marchés à terme (circa 2005), le prix du dollar évoluait de la même façon que celui des grains, c’est à dire lentement et avec très peu de volatilité. Depuis, le dollar bouge rapidement comme en fait foi le graphique. Aussi, comme le dollar canadien est très fortement relié au prix du pétrole, les deux évoluent dans la même direction. Les fonds d’investissement négocient sur les marchés à terme le pétrole, les devises et les grains dans le même objectif : faire des profits. On se souvient de l’année 2008 où le prix du pétrole, le dollar et les grains ont tous atteint un haut niveau de prix (maïs à $300/T) pour redescendre à grande vitesse comme le “Canadien“ cette saison…Dans le contexte d’une récolte normale, les prix du maïs, du soya et du dollar évoluent souvent dans la même direction que le prix du pétrole. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’ils sont tous à des niveaux très haut ou très bas comme c’est le cas en ce moment.

Puisqu’il y a croissance économique aux États-Unis, le prix du pétrole augmentera et poussera le dollar canadien à la hausse. De plus, dans l’élan inflationniste causé par la hausse du prix du pétrole, les prix des matières premières des secteurs des mines, de la foresterie et de l’agriculture augmenteront. J’ajoute que le prix des grains à Chicago est stagnant à un bas niveau depuis l’automne dernier.

Le prix du maïs à Chicago devrait augmenter jusqu’au niveau de $4/bu sur le contrat rapproché tandis que celui de la fève de soya devrait faire les $10/bu. Mais attention ! Le dollar canadien va suivre, dans une certaine mesure, possiblement jusqu’à $0,75.

Donc, si Chicago monte et que le dollar monte en même temps, une partie de la hausse à Chicago sera annulée par la hausse du dollar. Ce sont les bases qui seront affectées à la baisse.

Cette menace est réelle. La façon la plus facile et efficace de gérer ce risque pour les producteurs de grains est de vendre du grain à prix ouvert de façon à capturer le bas niveau du dollar. Il s’agit d’une vente où la base est fixée et le prix du contrat à terme reste indéterminé. Sur une hausse de Chicago, le producteur fixera avec son client acheteur de grain le prix du contrat à terme et recevra la hausse du marché. J’appelle ce phénomène « l’effet de fronde ». On fixe le prix du grain en deux temps : d’abord la base et après le contrat à terme. De cette façon, le producteur capture les deux opportunités et optimise la détermination de son prix.

Le prix du maïs se maintient malgré la hausse du dollar depuis son bas réalisé à près de $0,68.  À $200 la tonne, c’est un excellent prix dans les conditions actuelles puisque sans l’effet du taux de change, le prix serait bien plus bas. La demande sur le Saint-Laurent est bonne pour la fève de soya dont le prix se maintient, ce qui aide à écouler la récolte. Le coût du transport maritime est encore très bas favorisant ainsi les ventes à l’étranger. Le marché se positionne graduellement pour les semis aux USA. Il se bâtira sûrement une prime d’incertitude dans le prix des grains.

 

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