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Tous d’accord pour la vertu, mais à quel prix ?

Au Québec, il est assez surprenant de voir comment l’on est tous pour la vertu. Les exemples en agriculture ne manquent pas : lait de qualité, produit bio, non-OGM, cycle de vie, porc sans ractopamine, loi sur le bien-être animal et bien d’autres choses. Tous ces programmes sont louables. Ils dénotent notre effort à produire des produits meilleurs et plus acceptables socialement. Cependant la mise en place de telles initiatives est la plupart du temps lourde et coûteuse et laisse sans protection les producteurs qui souhaitent les instaurer. Sans cette protection indispensable, les produits d’importation envahissent nos tablettes d’épicerie, compétitivité oblige ! Adieu les qualités recherchées, pires, adieu la qualité ! Notre vertu devient alors notre pire ennemi.

Être plus catholique que le pape !

Lorsqu’on décide d’améliorer quelque chose, il est assez déconcertant de constater comment on a tendance à en mettre plus, d’être plus catholique que le pape. Souvent la mise en place d’un programme d’amélioration de nos produits agricoles part d’une intention louable, cependant assez rapidement une armée de technocrates et bureaucrate est mobilisée pour écrire les règlements. Tout est épluché, tout est logique du moins sur papier ! Dans la réalité, ces règles sont souvent difficilement applicables. Elles entraînent des changements qui semble simples en apparence, mais complexes dans les faits.  Souvent l’impact se fait sentir lorsque les acteurs (producteurs et industries) se réapproprient le dossier pour le mettre en œuvre. Pour les programmes volontaires, l’implantation se fait alors très lentement ou est carrément abandonnée. Pour les programmes obligatoires, on assiste à des augmentations de la charge de travail et à des augmentations des coûts de production qui la plupart du temps ne sont pas compensés.  Dans ces dossiers, les producteurs et l’industrie ne reçoivent aucune protection de la part des gouvernements et encore moins de compensation. Les importations de produits continuent et ne sont pas soumises aux mêmes règles que les produits faits ici. Pire les producteurs qui ne se soumettent pas aux nouvelles règles pour certaines normes se voient pénalisés dans leur soutien par certains programmes, c’est le cas dans le domaine de l’environnement (écoconditionnalité) et bientôt pour le bien-être animal.

Difficile d’être contre la vertu

Autre dilemme, il est difficile pour les acteurs de s’exprimer, difficile d’être contre la vertu. Une simple critique ou commentaire peut faire de vous un pollueur, un batteur d’animaux ou un empoisonneur. Lors de l’élaboration de ces nouveaux programmes, les producteurs et l’industrie sont le plus souvent associés, cependant que voulez-vous dire à un technocrate qui vous présente des études ou des recherches scientifiques qui vous semblent ne pas correspondre à la réalité. La solution pour ne pas passer pour quelqu’un qui ne croit pas à la science, on engage un technocrate pour présenter une étude ou une recherche scientifique qui contredit ou corrige la première étude ou recherche. On entre alors dans un débat d’où ne sortira pas nécessairement la meilleure solution ou du moins la plus pratique.

Exiger les mêmes normes pour les produits importés ou compenser

Avant de s’engager dans toutes réformes, ou amélioration de la qualité de nos produits, le palier de gouvernement responsable devrait s’assurer qu’il a les moyens de mettre en place les mêmes exigences pour les produits importés et qu’il a les moyens de les contrôler. Si ce n’est pas le cas, le législateur doit avoir les moyens de compenser financièrement les producteurs pour les coûts supplémentaires que ces réformes occasionnent, afin de garder la production ici et de s’assurer que nos consommateurs profitent réellement de ces réformes.   On est tous pour la vertu, mais elle doit profiter à tous.

 

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