On parle en ce moment d’une nouvelle politique d’immigration à Québec. Mais nous pouvons déjà être à peu près certains du résultat: le gouvernement libéral proposera une hausse des seuils d’immigration. C’est normal: elle contribue à la consolidation de sa base électorale. Alors que le PLQ peine à obtenir plus de 25% du vote francophone, il obtient des scores soviétiques chez les immigrants et les anglophones.
Cela lui permet aussi de cadenasser constitutionnellement l’avenir du Québec. On sait qu’en 1995, ce sont les immigrants et les anglophones qui ont fait pencher la balance vers le camp du Non en l’appuyant à peu près à l’unanimité. Il n’y a aucune raison de croire que lors d’un prochain référendum, les choses se passeraient autrement. Voyons-y un réalisme démographique élémentaire.
S’ils avaient un peu de vision et de courage, les partis d’opposition nationalistes militeraient pour une baisse significative des seuils d’immigration. Ils rappelleraient, comme on nous l’a encore confirmé récemment, qu’elle contribue à l’anglicisation de la métropole. 60% des immigrants qui ne connaissent pas le français en arrivant ici ne veulent pas l’apprendre et se dérobent aux cours de francisation.
Ils démonteraient les légendes urbaines entretenues par la propagande patronale et relayées par un système médiatique convaincu des vertus de la mondialisation entourant la nécessité économique et démographique de l’immigration. On le sait, sa contribution économique est généralement neutre, et contrairement à la mythologie qui circule dans les médias, elle ne parviendra pas à rajeunir la population.
Mais nos partis d’opposition, pour l’instant, sont timorés. Le PQ et la CAQ se sont laissés convaincre que baisser les seuils ne se fait pas. Il suffit de poser la question pour risquer les injures habituelles des roquets au service du politiquement correct, pour qui la diversité est automatiquement une richesse, même si la multiplication des cas d’accommodements déraisonnables nous donne régulièrement la preuve du contraire.
Ils jouent même contre leurs intérêts électoraux, et préfèrent se faire croire qu’il suffirait de mener une politique plus «inclusive» à l’endroit des immigrants pour les faire basculer vers la grande famille nationaliste. Comme si le marketing diversitaire était la solution à tout. Si on considérait les choses froidement, on comprendrait que les nouveaux arrivants ne voient pas trop pourquoi ils rejoindraient le camp nationaliste.
Dans ce débat, on en trouvera pour nous revenir avec l’habituelle solution miracle: il suffirait de régionaliser l’immigration pour réussir son intégration. Théoriquement, ce serait l’idéal. Un immigrant qui s’installe dans une région où les Québécois francophones sont la norme a beaucoup plus de chance de s’intégrer à eux. À Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières ou à Chicoutimi, on s’intègre mieux au Québec qu’à Montréal.
Mais depuis le temps qu’on nous en parle, c’est à se demander pourquoi nous ne nous y mettons pas. La réponse est pourtant simple: les immigrants n’en veulent pas. Massivement, ils s’installent à Montréal, parmi leurs proches. Ils ne veulent pas de la splendide mission qu’on leur réserve: repeupler des régions que les Québécois francophones désertent eux-mêmes. Ils préfèrent vivre en métropole, dans une grande ville.
Parlons franchement: l’heure est venue de réduire les seuils.