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Jean Charest croit clairement aux ententes de libre-échange

Le 25 février dernier, Jean Charest, ancien premier ministre du Québec, présentait une conférence intitulée “ Tendances mondiales, enjeux et libre-échange“ devant des étudiants de HEC Montréal. D’une humeur toujours positive, il a tenté d’exposer la bonne situation du Canada malgré une situation mondiale très changeante et a développé son argumentaire en faveur des ententes de libre-échange. 

Il a rappelé que les économies émergentes de 2050 seront essentiellement la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, l’Indonésie, le Mexique, la Turquie…“D’ici 2030, 20 % de la classe moyenne mondiale se trouvera en Chine“ de préciser M. Charest. “ Nous assistons au basculement de l’économie mondiale vers l’Asie. La Chine a de loin la plus importante réserve de devises étrangères au monde, soit près de 4 000 milliards de dollars en valeur USD et elle est devenue le premier partenaire commercial des États-Unis“

Trudeau devra s’allier à la Chine.

Il a considéré comme une erreur que le Canada n’ait pas participé à la création de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), considérée comme une rivale du Fonds monétaire international (FMI) alors que la Grande-Bretagne et 56 autres pays partenaires s’y sont ralliés. Avec des infrastructures dans les pays de l’Asie du Sud-est nécessitant des investissements de 7 trillions de dollars d’ici 2030, la Chine serait la pièce manquante du puzzle canadien. Le Canada n’a toujours pas, rappelle M.Charest, d’accord bilatéral avec la Chine, mais précise du même coup que Justin Trudeau le nouveau premier ministre canadien sera à Tokyo au G8 en mai prochain et au G20 en Chine en septembre prochain.

“ Il ne serait pas surprenant de voir Justin Trudeau rejoindre l’AIIB et débuter un traité bilatéral Canada/Chine“ de dire Jean Charest.

Sur le plan démographique, Jean Charest a rappelé que l’Afrique, d’ici 2050, va doubler sa population. Et qu’un être humain sur deux sera Asiatique. Pendant ce temps-là dès 2036, 25% de la population canadienne sera âgée de plus de 65 ans. Pour Jean Charest, cela reste une bonne nouvelle, puisque les Canadiens“ vivent plus longtemps et en bonne santé“.

Oui à l’immigration et à la mobilité !

Il a encouragé devant son jeune auditoire la mobilité de la main-d’œuvre : “ Au cours de dix dernières années, la mobilité de la main-d’œuvre professionnelle a augmenté de 25 %. Elle augmentera de 50 % d’ici 2020. C’est cela la modernité dans le monde du travail. D’ailleurs au Québec, le système agricole ne peut pas fonctionner s’il n’y a pas l’apport des Mexicains“, a-t-il dit. “ 47 % des personnes à Toronto ne sont pas nées à Toronto. Je suis une minorité visible à Toronto, et alors?“ a-t-il lancé.

Le Canada moins endetté que les autres

Nous serions entrés dans un cycle économique de croissance médiocre et de stagnation séculaire. Le plus grand défi qui attend les pays développés dans les prochaines décennies sera l’endettement, assure M.Charest, rappelant toutefois que le Canada se situe plutôt bien en comparaison de certains autres pays ( 87 % de dette par rapport au PIB pour le Canada versus 102 % pour  les États-Unis, 132 % pour l’Italie ou 177 % pour la Grèce.)

Les accords internationaux, une nécessité

Jean Charest rappelle au cours de sa conférence que Michael Forman (représentant au commerce des États-Unis), a dit qu’une fois que les États-Unis auront conclu le PTP et le TTIP ( Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), qu’ils accéderont à un marché de libre-échange qui représente 65 à 70 % de l’économie mondiale.

Il reconnaît les bienfaits de l’ALENA et assure que l’Accord économique et commercial global Canada-Union Européenne (AECG) est capital. C’est un accès préférentiel au marché mondial le plus grand et le plus riche ( 500 millions de consommateurs) qui peut créer jusqu’à 80 000 nouveaux emplois au Canada. L’addition de l’ALENA et de L’AECG représente 975 millions de personnes et plus de 45 % du PIB mondial de dire Jean Charest. “ Si l’entente Canada/Europe et le PTP signifient  l’abolition des tarifs, le vrai sujet c’est l’harmonisation des normes“ prévient-il toutefois reconnaissant que les États-Unis sont connus pour “ se garder la possibilité de négocier les ententes“.

Jean Charest a déclaré au cours de sa conférence que l’entente Canada/Europe est une grande avancée remarquable pour le fédéralisme et que le Canada a plus à perdre s’il ne fait pas partie du PTP que s’il en fait partie.

La croissance économique du 21e siècle passe par l’ouverture des frontières et les alliances prétend M.Charest.

Dans un monde où d’ici 2020, plus d’individus posséderont des téléphones cellulaires ( 5,4 milliards) que d’accès à l’eau courante (3,5 milliards) ou à une voiture ( 2,8 milliards), Jean Charest rappelle une phrase de Larry Summers, ex-secrétaire du Trésor sous Bill Clinton et ex-président du Conseil économique national sous Obama : “ Le plus grand défi du capitalisme est ce que représentent les technologies pour le travailleur moyen. Ce sera aussi le plus grand défi du capitalisme dans le futur. Et la première consiste à le reconnaître“.

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