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L’énigmatique syndicalisme agricole

Tout organisme naît suite à un besoin dans la société à une époque précise. Les temps et les besoins changent. Avec le temps, sa définition, son mandat ou son rôle peut sembler très différent de la raison de sa création, mais son existence relève toujours d’un besoin quelconque. La question est de savoir s’il répond toujours au besoin original lors de sa création, sinon à quel besoin répond-t-il?

Un syndicat traditionnel est un groupe de personnes qui se donnent les moyens légaux de se protéger  face à leur employeur.  Grâce à l’UPA, le syndicalisme agricole est une réalité bien établie au Québec, même s’il regroupe des employeurs et non des employés.

Le syndicalisme agricole constitue pour moi un oxymoron, c’est à dire une chose et son contraire. Il s’agit d’un syndicat d’hommes d’affaires et d’entrepreneurs  qui opère davantage comme le ferait le syndicat des employés que leurs membres  engagent. Ce peut être encore plus déroutant lorsqu’il s’oppose à la syndicalisation de ses employés.

En effet, le syndicalisme agricole au Québec a combattu avec vigueur la syndicalisation de ses employés immigrants temporaires, c’est-à-dire, contre l’intérêt des travailleurs les plus démunis de notre territoire.  Nous sommes évidemment face à une quelconque forme inhabituelle de syndicalisme.

Les ordres professionnels du Québec sont payés par leurs membres et ont pour mandat la défense de l’intérêt du public. L’UPA ne s’insère pas dans cette logique. C’est normal. Toutefois, j’ai entendu des propos tenus par des leaders de l’UPA qui militent en faveur d’une coexistence positive avec la société dans laquelle ses membres opèrent, même si ses tactiques  et moyens de pression l’apparentent  plutôt aux syndicats traditionnels du Québec.

Un syndicat traditionnel, de par sa nature, combat le statu quo, lequel  sert dans la majorité des cas les mieux-nantis d’une société. La majorité des interventions de l’UPA (par exemple, à la commission Pronovost) s’interprète plutôt dans le sens du statu quo.

Face à cette réalité, comment comprendre le syndicalisme agricole au Québec?

La force et le pouvoir de l’UPA aujourd’hui est indéniable et enviable. Avec la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, je me suis toujours demandé  si l’UPA a encore besoin du syndicalisme agricole pour bien servir l’intérêt de ses membres.

Je vois très bien l’UPA envisager un jour, suite à une réflexion stratégique, qu’elle pourrait devenir un pilier de notre société avec une orientation et des moyens qui lui sont propres.  Ce qui lui conférerait une très grande responsabilité et légitimité et par conséquent, une pertinence telle où ses aspirations se fonderaient avec celles de Québec.

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