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Le conflit Paradis-UPA: L’UPA s’énerve pour rien !

L'UPA était habituée à avoir ses entrées libres au MAPAQ et au bureau du premier ministre et à dicter les politiques agricoles. Paradis lui met un frein sur plusieurs points, y compris sur la possibilité de remettre en question des vaches sacrées comme la gestion de l'offre et le monopole syndical: l'UPA est furieuse et craint pour son pouvoir absolu. 

Mais en fait, et malheureusement, l'UPA s'énerve pour rien, car Paradis en dit plus que ce qu'il est en position de faire: son pouvoir de faire changer les lois dépend de son pouvoir auprès du cabinet et du Bureau du premier ministre, et il est d'ores et déjà évident que ce pouvoir n'est pas énorme. Ce serait surprenant que Couillard se tape un conflit frontal avec l'UPA: il en a déjà plein les bras, et c'est un dossier très explosif.

Il ne faut donc pas susciter de faux espoirs. Mais il demeure que le déphasage de l'UPA face à la nouvelle agriculture qui se développe, aux problèmes écologiques et aux impasses du libre-échange versus l'autosuffisance alimentaire rendent de plus en plus inévitable que le gouvernement prenne ses distances face à l'UPA et appuie une ouverture des politiques agricoles. Le nouveau rapport Pronovost sur la relève agricole met habilement et très concrètement la table à certains de ces changements: diversifier les modèles d'agriculture qu'on soutient, assouplir les règles du zonage agricole, des quotas, de la gestion de l'offre pour faire de la place aux fermes de spécialité et de proximité qui opèrent sur de petites surfaces, etc.

L'aide discrétionnaire accordée par Paradis à l'Union paysanne et au Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA), qui a fait déborder le vase de l'UPA, n'est encore qu'un symbole plus qu'un changement du système.

Le Rapport Pronovost sur la relève agricole met le doigt sur des choses concrètes

Avant même de l'avoir lu honnêtement, l'UPA, qui a refusé d'y collaborer, le rejette, comme elle rejette le grand rapport Pronovost sur l'avenir de l'agriculture depuis sa publication en janvier 2008. 
L'UPA prétend que le rapport n'apporte rien de nouveau et ne propose pas de solutions. Or un simple résumé sommaire démontre le contraire et montre que, dans sa simplicité, ce rapport met le doigt sur des choses concrètes qui bloquent la relève, mais que l'UPA refuse systématiquement d'aborder.

1. Le prix des terres, des quotas, des intrants et des exigences environnementales a tellement augmenté qu'il est de plus en plus difficile d'assurer la relève. Mais l'accaparement des terres par les Banques et les étrangers demeure marginal.

2. Le transfert de ferme demeure le meilleur moyen d'assurer une relève , car il est très difficile de partir à zéro.

3. Les mesures d'aide financière pour la relève existent, mais doivent être simplifiées et améliorées. La formule vendeur/prêteur semble la plus efficace.

4. Plusieurs modèles de fermes doivent être favorisées dans les lois et programmes, et pas seulement le modèle de la grosse ferme industrielle. Beaucoup de jeunes envisagent des projets moins industriels, axés sur la spécialité et la proximité.

5. Les normes du zonage agricole doivent être assouplies pour faciliter la constitution de petites fermes ne nécessitant pas de grandes surfaces.

6, Les normes de la gestion de l'offre doivent être assouplies pour rendre accessibles davantage de quotas à la relève et pour augmenter la production de proximité ou de spécialité hors quotas.

Ce n'est qu'un premier aperçu du rapport, mais c'est drôlement concret et pertinent, et ça change du discours vide de l'UPA qui se contente de réclamer toujours plus d'argent et de dénoncer l'accaparement des terres au lieu de rendre les terres et les quotas accessibles à plus de jeunes, en plus d'exiger d'être la seule à pouvoir parler au gouvernement.

 

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