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L’avenir passe par l’innovation et la mise en marché

Pour la fromagerie à L'Îsle-aux-Grues le défi de l'approvisionnement en lait s'ajoute à celui de la relève agricole et à l'exode des jeunes en général. Tout ça au moment de l'entrée en vigueur éventuellement des nouveaux traités de libre-échange qui ne manqueront pas de toucher les fromageries artisanales. Quand, en plus, la fromagerie est un moteur économique important et que c'est de l'avenir de l'île dont il est question, que faire? Innover!

« La mission de la fromagerie et la mission de la municipalité vont finir par se croiser. En plus de la mission de faire du fromage, on peut ajouter la mission d'assurer la pérennité et la rentabilité des sociétaires ». En entrevue, le directeur du marketing de la Société coopérative agricole de L'Îsle-aux-Grues (SCA), M. Daniel R. Leduc, qui travaille à la mise en place d'une solution « totalement innovatrice » a parlé « d'un projet unique exclusif d'intéressement à la production laitière ».

L'objectif est d'avoir plus de vaches, plus de lait donc plus de production. Nous verrons « l'émergence de méga fermes modèles sans exclure la toute petite ferme expérimentale développant un produit particulier » de préciser M. Leduc.

Ce n'est pas tout. Désormais la coopérative va « s'orienter client ». Avec une nouvelle équipe en place, on veut donner une orientation « marché ». « C'est la base pour survivre à l'Île. Le défi de l'île et le défi de la fromagerie : maintenir une communauté, garder les jeunes familles. Notre économie ce n'est pas seulement le tourisme » de préciser M. Leduc.

La fromagerie fonctionne bien, mais ce n'est pas suffisant de se contenter de l'erre d'aller et M. Leduc considère que l'orientation « marché » passe par le développement de « l'entité de la fromagerie ». « On n'a pas à se casser les méninges pour se créer une marque et se conter une histoire. On en a une, naturelle, qui a 350 ans et elle s'appelle : l'archipel de l'Isle-aux-Grues ». Tout cela, estime M. Leduc, basé sur la résilience qui caractérise la mentalité et l'histoire de l'île.

L'approvisionnement

Au début de la coopérative, il y avait 14 producteurs laitiers, maintenant sur l'Îsle-aux-Grues ils ne sont plus que quatre. Les quotas ont été récupérés par les sociétaires restants, les troupeaux sont plus gros, les fermes sont plus grosses. À court terme un autre sociétaire, frappé par la maladie, devra décider ce qu'il fera avec son quota. S'il quitte, son quota sera repris, mais pour le moment il est en location à l'extérieur de l'île et cela pose un problème pour l'approvisionnement de la fromagerie. Pour compenser, comme il n'y a pas de pont ni de pipeline reliant la Côte-du-Sud à l'île, l'importation du lait se fera par bateau.

Depuis 2000 les troupeaux de Holstein servent à produire le Mi-Carême et le Riopelle. L'arrivée de Frédéric Poulin avec un troupeau de Suisse brune a permis le développement d'un produit en particulier, la Tomme de Grosse-Île. Le célèbre cheddar lui est fait avec le résiduel de ces productions.

Indication géographique protégée

Quand on pense au fromage de l'Îsle-aux-Grues, on pense que le troupeau est alimenté seulement au foin de grève. Ce n'est pas le cas et cela n'a jamais été le cas. M. Leduc fait remarquer que même au début ce ne sont pas tous les producteurs qui avaient accès au foin de grève. Pour M. Leduc c'est le microclimat  du début de l'estuaire, qui marque l’écosystème de l'île.

C'est en partie sur cela qu'est basé le dossier de la fromagerie pour obtenir une « Indication géographique protégée » (IGP) pour son cheddar. « Le dossier est prêt, on le retient encore quelque mois. C'est un dossier qui sera réglé en 2016 » d'affirmer M. Leduc. La fromagerie cherche à faire valoir que le fromage est produit de façon artisanale dans un écosystème insulaire et que cela s'inscrit dans une longue tradition.

Le directeur du marketing indique que la fromagerie cherchera aussi à augmenter sa production en misant sur la typicité du lait produit sur l'île. En plus du troupeau de Suisses brunes déjà établies, M. Leduc voit  une possibilité de diversification de la production par l'arrivée de nouveaux troupeaux. Comme une IGP a été récemment acceptée pour la vache canadienne, M. Leduc voit un encouragement à promouvoir la spécificité du lait produit sur l'île. Cela pourrait même être une façon de faire face la compétition que ne manquera pas de créer l'accord de libre-échange avec l'Europe.

En effet, l'installation, par exemple, d'un troupeau de Montbéliardes (à la base de nombreux fromages en appellation d'origine protégée comme le Comté, Reblochon, Cantal…) avec la collaboration avec des producteurs de Franche-Comté serait une avenue de développement.

L'avenir de la fromagerie passe, souligne M. Leduc, par « l'ouverture de notre concept de partenariat ». Fait à souligner : le conseil d'administration n'est pas composé que de producteurs,  mais aussi de non-membres de la coopérative, recrutés pour leur savoir-faire. Le directeur général par intérim, M. Claude Boisvert vient de la Coopérative fédérée. M. Leduc est un gars de marketing qui a travaillé pour Agropur, le Groupe fromage Côté à Warwick et aussi pour Saputo. Il est tombé en amour avec l'Îsle-aux-Grues.

M. Leduc ne veut pas changer le nom de l'île, mais pour lui L'Îsle-aux-Grues « c'est la résilience qui caractérise la mentalité et l'histoire de l'île ». Pour lui IAG signifie résilience et histoire et c'est  là-dessus que se bâtira la pérennité de la fromagerie et par conséquent de l'île.

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