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Protéine laitière: deux poids, deux mesures ou le signe de nouvelles concessions

Les producteurs de lait du Québec sont, à juste titre, exaspérés par l’attitude du gouvernement Trudeau à l'égard des importations de lait diafiltré. Malgré les manifestations et les demandes répétées, rien ne semble vouloir bouger à Ottawa. Les ministres libéraux semblent empêtrés par «je ne sais quoi». Est-ce le signe d’un manque d’expérience politique de la part du ministre responsable, d’un manque de leadership politique dans la coordination des quatre ministères impliqués dans le règlement de la problématique ou encore le manque de sensibilité politique à la cause des producteurs laitiers? 

Au Québec, nous sommes unanimes à dire que la situation a assez duré et que cela doit se régler rapidement. Tous s’entendent – gouvernement Couillard, UPA, syndicats québécois et canadien représentant les producteurs de lait, gens de l’industrie agroalimentaire comme Agropur – pour demander au gouvernement libéral que les importations de protéines laitières doivent cesser, ou du moins, de faire respecter la réglementation actuelle.

À cet effet, je suggère au ministre Lawrence MacCaulay de prendre exemple sur les Américains qui n’hésitent pas à imposer, et ce, rapidement, des droits compensatoires pour protéger leur producteur et leur industrie, peu importe le secteur économique visé.

Dans le cas présent, la problématique m’apparaît simple à régler. Elle repose sur le fait que l'Agence canadienne des aliments (ACIA) considère le lait diafiltré comme un ingrédient faisant en sorte que cette importation est exclue des tarifs douaniers prévus à la frontière par la réglementation.

Le gouvernement fédéral a donc la latitude de modifier rapidement la classification du lait diafiltré comme ingrédient et de le considérer plutôt comme un produit laitier. Qu’attend-il pour agir et pour respecter son engagement électoral? Les mois passent et les excuses ne sont plus possibles et ce, d’autant plus que le lait diafiltré n'est même pas utilisé dans la production fromagère aux États-Unis.

Face à l’inaction du gouvernement libéral, on est en droit de se questionner sur le bien-fondé de cette classification par l’ACIA. Est-ce de l'aveuglement volontaire comme le pensent plusieurs observateurs ou le signe de nouvelles concessions accordées dans le cadre des derniers accords et que l’on tarde à nous les faire connaître?

Comme l’a souligné le ministre Pierre Paradis, «lors de la dernière campagne électorale le Parti libéral du Canada s'était formellement engagé à revoir les normes, règles et pratiques en vigueur relativement à l'importation de produits alimentaires, notamment pour les protéines laitières». Qu’attendent véritablement les représentants du Parti libéral du Canada dûment élus pour respecter leurs promesses?

Le nombre de fermes laitières au Québec décline trop rapidement depuis les cinq dernières années. La disparition de fermes laitières est certes principalement due à des raisons économiques, mais elle semble également être un impact collatéral des accords politiques conclus avec l’Europe et les pays Transpacifique.

À ce jour, seul un grand industriel du secteur agroalimentaire du Québec a appuyé publiquement les producteurs laitiers, les deux autres sont muets sur la question et continuent leur comportement d’achat de ces protéines laitières en fonction des seules lois du marché. Ces deux industriels, je les invite à joindre le mouvement unanime et de se soucier du maintien d’un secteur laitier vigoureux et de proximité, leur avenir en dépend!

À nouveau, j’insiste pour souligner que le temps nous est compté. La tourmente des producteurs laitiers dure depuis trop longtemps et, par conséquent, le gouvernement Trudeau se doit d’agir tel qu’il s’est engagé lors de la période électorale. L’attente est déjà assez trop longue, fini les tergiversations, c’est le temps de passer à l’action et d’imposer des droits douaniers sur l’importation des protéines laitières comme le prévoit la réglementation.

Force est de constater que, pendant que nous luttons pour faire bouger le gouvernement libéral à l’égard d’une cause juste et légitime, nos concurrents envahissent nos marchés avec des produits comme les protéines laitières qui, notamment, échappent au contrôle de l'Agence des services frontaliers.

J’aimerais me tromper, mais l’apparence est telle que l’inaction actuelle du gouvernement Trudeau laisse à penser que c’est deux poids deux mesures dans un dossier aussi important pour l’économie québécoise !

Crédit-Photo: La Presse

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