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“La sortie de Maxime Bernier contre la gestion de l’offre, c’est une opinion que je ne partage pas“- Billette

NDLR : La Vie agricole a reçu au début de l’été dans le cadre d’une entrevue le 7 juin dernier dans ses bureaux sur Grande Allée à Québec, le whip en chef, Stéphane Billette, qui s’est confié sur plusieurs sujets : libre-échange, gestion de l’offre, identité, etc.

 

Yannick Patelli : Pierre Paradis dit souhaiter organiser un Sommet de l’alimentation dont le premier ministre devrait signer toutes les conclusions ? Est-ce le cas ? En connaissez-vous la date ?

Stéphane Billette : Je n’ai pas de dates à communiquer, mais le titre est important: agroalimentaire. Souvent on va y aller avec des sommets agricoles. Il ne faut pas oublier qu’en agriculture il y a 4 chaînons importants : la production, la transformation, la distribution et le consommateur qui décide en bout de ligne ce qui sera dans son assiette. C’est la première fois qu’on va avoir un sommet qui réunit les 4 chaînons. L’agriculture c’est 10 % du PIB du Québec, c’est le secteur le plus important au Québec qui représente 500 000 emplois. Un agriculteur aujourd’hui qui s’achète une moissonneuse-batteuse c’est 700 à 800 000 $. Ce sont des investissements importants dans l’économie. Et oui le Sommet est voulu par tout le monde, le premier ministre et tout le gouvernement. Le premier ministre vient d’un secteur agricole et pour lui c’est un secteur très important de l’économie. Par ses productions, chaque région a sa carte d’identité : chez nous c’est le maraîcher, au Lac-Saint-Jean, c’est le bleuet, etc. Et tout cela a un impact important sur l’occupation du territoire.

 

YP- Quel avenir voyez-vous pour le libre-échange ?

SB- Depuis L’ALENA il y a 15 ententes de signées dont le Canada fait partie. Les gens demandent toujours si la gestion de l’offre va cohabiter. Après 15 ententes, oui elle reste là. Elle est très importante pour nous. Elle représente plus de 7000 familles. Je suis sur le bord des lignes américaines et je la vois la différence. J’ai vu en période de crise aux États-Unis des fermes de 1000 vaches fermer. Notre avantage c’est que notre marché est équilibré. On s’assure avec la gestion de l’offre de l’occupation de notre territoire. J’ai vu en Arizona en 2010 une ferme de 10 000 vaches, 2500 emplois, 3 traites par jour. Ils avaient acheté toutes les fermes autour d’eux. La gestion de l’offre permet de garder une agriculture de propriétaires. J’ai déjà fait des présentations sur le système de gestion de l’offre dans le nord des États-Unis et plusieurs l’envient.

YP-Que penser de la sortie de Maxime Bernier contre la gestion de l’offre ?

SB-Je vais vous dire, il a droit à son opinion. Il regardera dans sa cour même Jacques Gourde défend la gestion de l’offre. Il a un comté où il y a beaucoup de petites fermes. Est-ce qu’il restera seul là-dedans ? Je ne sais pas. Il y a une course à la chefferie. A-t-il une stratégie là-dedans ? je ne sais pas. C’est une opinion que je ne partage pas.  Je vois ce qui se passe aux États-Unis où il y a des villages où les commerces sont fermés en lien à la crise qu’ils ont vécue. Juste prendre votre auto et circulez dans les rangs de campagne dans le secteur de Plattsburgh et vous allez voir la différence.

 

YP-La gestion de l’offre n’est-elle pas mise à mal dans tous les secteurs d’activités (UBER, etc.) ?

SB-À chaque fois qu’il y a des règles, il y a des exceptions. Mais concernant le lait diafiltré, dans mon coin j’ai 11 postes de douanes. Le lait diafiltré n’entre pas par le Nunavut. Ça c’est une réalité très néfaste et Pierre Paradis a pris ce dossier-là à bout de bras. On parle de producteurs qui perdent 1000 $ par semaine. C’est énorme. Les dépenses sont les mêmes. J’espère que le Fédéral va prendre une décision rapidement dans ce dossier-là. On parle souvent du laitier, mais faut pas oublier les plumes et les œufs, mais ce qui est important c’est une frontière étanche. Pierre Paradis est un leader sur le plan canadien dans ce dossier.

YP-Que pensez-vous du droit de parole des politiciens ? Change-t-on de discours une fois hors du monde politique actif ?

SB-L’important c’est qu’il y a plusieurs types de politiciens. Nous, au parti libéral on estime que le plus important est de représenter tous les citoyens. Il faut rester proche de sa base.

YP-On ne parle en ce moment que d’identité ? Identité rurale ? Identité agroalimentaire ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?

SB-Partout au GATT, à l’OMC, etc…avec le PTP, etc. l’agriculture a sa place, elle est toujours traitée de façon indépendante. Au Québec c’est encore plus important, car c’est par l’agriculture que le Québec s’est développé. C’est toujours le secteur qui va faire pencher un accord d’un bord ou de l’autre ?

YP-L’équipe de La Vie agricole et la famille Garon travaillent à la mise en place du premier Institut agroalimentaire au Québec qui porterait son nom, qu’en pensez-vous ?

SB-Jamais un élu ne pourra être contre un organisme de développement de l’agriculture. Jean Garon est une mémoire qu’on peut honorer. J’ai même lu le livre que vous avez publié. C’est intéressant parce que c’est une histoire que moi à mon âge je n’ai pas connue. C’est un beau geste que de souligner sa mémoire. Et les meilleurs dossiers sont toujours ceux qui viennent de la base.

 

 

 

 

 

 

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