Les prix du lait s’effondrent un peu partout sur la planète, suite à une surproduction mondiale qui est la conséquence d’un optimiste sur la croissance de la consommation en Asie et d’une Chine qui n’est pas au rendez-vous comme importateur. Les Chinois préfèrent produire leur propre lait. Plusieurs voix s’élèvent pour qu’au Canada l’on puisse profiter de ces bas prix internationaux, quitte à plonger dans la crise un secteur qui se porte très bien.
Le Canada avec son système de gestion de l’offre, ne contribue pas à cette crise de surproduction mondiale, en contrepartie elle n’en subit pas les effets, ce qui représente de grosses économies pour les gouvernements qui n’ont pas à soutenir un secteur en crise à coup de milliards. C’est donc un fardeau fiscal de moins pour le consommateur.
Les gens qui demandent la fin du système de la gestion de l’offre, la fin des quotas, ne donnent pas beaucoup d’explications sur les conséquences positives ou négatives, si ce n’est que des conséquences positives sur le prix que payerait le consommateur. Une vraie fin de la gestion de l’offre, autant pour les producteurs que les transformateurs, ouvrirait le marché canadien des produits sous la gestion de l’offre au commerce international, surtout aux grands groupes américains. Nos transformateurs seraient confrontés à une compétition qui viendrait leur prendre des parts de marché local. Pour faire face à cela, le prix de la matière première s’alignerait sur les prix nord-américains, ce serait donc un choc important pour tous.
Nos gouvernements devant des pertes d’emplois et des régions rurales affaiblies n’auront pas beaucoup de choix que de soutenir la production et les transformateurs, le temps de s’adapter et de passer à travers la crise mondiale. À voir les pays qui sont aux prises avec cette crise, la facture est salée. Cela entraîne une charge fiscale additionnelle dont les citoyens et nos gouvernements n’ont pas besoin. Notre système de gestion de l’offre, que certains qualifient de programme socialiste, valorise le principe de l'utilisateur-payeur. Les consommateurs payent le coût réel du produit. Le produit n’est en aucun cas subventionné. Celui qui n’aime pas les produits laitiers ne paye pas pour son voisin grand amateur, comme cela serait si la production venait à être subventionnée.
Les opposants ne parlent pas trop des coûts fiscaux qu’engendrerait l’abandon du système de gestion l’offre. Ils s’attardent à faire miroiter de probables avantages, amplifier des problèmes liés à la gestion de l’offre, problèmes qui pourraient être réglés possiblement par de simples réformes plutôt que par une abolition totale. Leur défense qui porte sur l’accès pour les transformateurs à de la matière première au prix mondial, pendant que ces transformateurs pour leurs produits évoluent dans des marchés protégés de la compétition mondiale, est un peu hypocrite. On a l’impression à mesure qu’ils s’expriment qu’ils sont plus à la solde d’intérêts corporatifs et financiers que là pour alimenter un débat.
Notre système de gestion de l’offre a besoin de débats, comme toute chose qui veut évoluer et perdurer dans le temps. La concentration de la production et de la transformation, l’approvisionnement en produits spécialisés, la valeur des quotas, et bien d’autres sujets nécessiteront des débats au sein de la gestion de l’offre. Espérons que ceux-ci se feront de façon transparente, ce qui permettra un débat éclairé et éloignera les lobbyistes de tout acabit.
Sur la photo : Yan Turmine et Simon Bégin en discussion sur le sujet de la gestion de l’offre thème du livre qu’ils préparent en collaboration avec l’éditeur de La Vie agricole, Yannick Patelli