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Le dossier du gras trans, symptôme d’un mal.

La ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, a dit à La Presse qu'elle s'attendait à ce qu'Ottawa annonce son plan pour bannir les gras trans et favoriser une meilleure nutrition d'ici la fin de l'année. Le gouvernement Trudeau semble vouloir finir ce que les gouvernements précédents avaient commencé en 2007. Ce dossier illustre bien le devoir, mais aussi les contraintes que le gouvernement a de contrôler ce que l’on met dans nos assiettes. 

Les gras trans néfastes sont issus de la transformation industrielle, par hydrogénation, d’huile ou de gras ( il existe, par ailleurs, des gras trans plus bénéfiques présents naturellement  dans certains produits).  Les gras trans sont utilisés pour différentes raisons par l’industrie. Leur utilisation rend plus fermes certains produits, ils permettent une meilleure conservation et dans certains cas ils désodorisent.  C’est un vieux procédé (début 1900) qui a pris de l’ampleur à partir des années 50.  À partir du milieu des années 1990, les études scientifiques démontraient de plus en plus les effets négatifs sur la santé humaine de ces gras trans.

En juin 2007, le ministre de la Santé de l’époque, suite à la recommandation d’experts demande à l’industrie, de façon volontaire, de limiter la teneur totale en acide gras trans à 2% de la teneur totale en graisse pour les huiles et les margarines, et à 5 % de la teneur totale en graisses pour tous les autres aliments. Il donne, à l’époque, deux ans à l’industrie pour se conformer, sinon le gouvernement imposerait des normes par voie réglementaire.

Au milieu des années 1990, au Canada, les apports en gras trans atteignaient environ 3,7 % de l'apport énergétique. En 2003, l'Organisation mondiale de la Santé a recommandé que la consommation de gras trans compte pour moins de 1 % des calories totales. En 2009, suite à la recommandation fédérale, la consommation de gras au Canada avait chuté de 60% pour s’établir à environ 1.4% des calories totales (40% en haut des recommandations de l’OMS). Entre 2009 et 2016, Santé Canada ne semble plus tenir de registre du moins publiquement, et puis voici l’annonce du gouvernement Trudeau qui revient à la charge dans ce dossier.

Ce dossier des gras trans est une malheureuse l’illustration d’une situation que l’on rencontre trop souvent dans l’industrie agroalimentaire. Une pratique, qui par ses avantages et son coût, en apparence saine au départ, s’avère malsaine voir dangereuse pour la santé des consommateurs, mais qui malgré les avertissements des experts et les interventions des gouvernements continue d’être utiliser.

Contrôler les fraudeurs ici, mais aussi les importations

Dans le cas de l’intervention du gouvernement Trudeau pour contrôler les gras trans, il va falloir que les bottines suivent les Babines, et cela va prendre de grosses bottines. Le contrôle d’une réglementation sur les gras trans va demander de gros efforts afin de contrôler les fraudeurs, mais aussi les importations, cela va demander de grosses ressources pendant un certain temps.

Les substances laitières, une autre supercherie de l’agroalimentaire

Il est quand même surprenant de voir à quel point de gros joueurs qui ont de gros moyens technologiques à leur disposition ont peu de scrupule à utiliser une technologie nuisible, tout cela pour vendre plus et faire plus de profit. Ici, on parle de cas extrême d’utilisation d’une technologie qui nuit à la santé du consommateur, mais il existe plein des cas d’utilisation de technologies, moins dommageables pour la santé, utilisées légalement en agroalimentaire, mais qui trompent le consommateur. L’utilisation de substances laitières à outrance dans les produits laitiers est un bon exemple de supercherie du monde agroalimentaire dont les victimes sont les consommateurs et les producteurs agricoles.      

Il sera intéressant de voir les débats lors des trois sommets sur l’alimentation. Le choix de mettre le consommateur au centre est un excellent choix, il permettra peut- être d’entreprendre un changement qui mettra un peu d’ordre dans ce monde agroalimentaire, de guérir ce mal dont semble souffrir la grande transformation (et la grande distribution) alimentaire, mal où la finance à sens unique semble dicter les enjeux au détriment de la qualité et l’intégrité des produits d’ici.    

 

 

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