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Que deviendront nos écoles de village avec la fermeture prévisible de plusieurs fermes laitières?

Les mois passent et la situation des producteurs laitiers du Québec reste toujours inchangée. Elle est loin de s’améliorer et ce, malgré les engagements du Parti de Justin Trudeau lors de la campagne électorale de 2015 et des pressions du gouvernement québécois auprès du fédéral concernant le lait diafiltré.  

À l’aube de l’entrée en vigueur de l’entente Canada – Europe et des difficultés omniprésentes ressenties par plusieurs producteurs laitiers, il faut nous inquiéter de l’impact de telles politiques gouvernementales quant à l’avenir de nos territoires ruraux. On oublie trop souvent que, selon les statistiques officielles, la production et la transformation laitières au Québec pèse significativement sur le développement de nos territoires ruraux et sur le bien-être de leurs communautés.

En 2015, ce sont quelque 5 856 fermes, 110 usines, 83 000 emplois directs et indirects, 6,1 milliards $ de contribution au PIB et 1,3 milliard $ en retombées fiscales. Peut-on se priver de telles retombées économiques si importantes pour l’ensemble du Québec et combien nécessaires au développement ou à la survie de certaines municipalités rurales ? Que deviendront nos écoles de village avec la fermeture prévisible de plusieurs fermes laitières, que deviendront certaines municipalités rurales avec la disparition de nombreuses fermes ? Sans ces retombées et ces milliers d’emplois en région, il ne saurait être question de vitalité économique ni de vie sociale pour les communautés rurales !

Plusieurs me diront que cette situation précaire n’est pas propre à notre pays et qu’elle est comparable à celle que vivent la plupart des producteurs laitiers notamment ceux de l’Europe. Un tel discours ne doit pas obnubiler nos propres problèmes. En l’espace de vingt-cinq ans, c’est plus de la moitié des fermes laitières qui ont disparu au Québec, on est passé de 14 000 fermes en 1990 à quelque 5 800 en 2015 ! Le secteur laitier est complètement en train de se remodeler et, face à un tel ajustement, on est loin d’en connaître l’impact réel au plan économique, culturel, communautaire et environnemental !

Qu’attendent nos politiciens pour agir et proposer des solutions viables ?

Qu’attendent nos politiciens pour agir et proposer des solutions viables et simples d’application au bénéfice de nos producteurs laitiers! Comme dans le cas du lait diafiltré, il suffit que l'Agence canadienne des aliments le considère comme un produit laitier. La problématique actuelle m’apparaît simple à régler, mais, au nom de je ne sais quoi, elle tarde à se régler. À cet égard, c’est malheureux, mais il faut souligner avec insistance l’inaction du gouvernement Trudeau et de ses belles promesses aux producteurs laitiers à l’été 2015.

Aujourd’hui, plusieurs observateurs avertis soulignent que c’est tout le milieu rural qui est en déstructuration. Quotidiennement, on en voit malheureusement les effets néfastes : fermes à vendre, encan d’animaux ou d’équipements, terres en friche, spéculation foncière. On oublie trop facilement le rôle important et historique que la ferme laitière a joué au Québec tant sur le plan économique que social, culturel et communautaire.

Il me semble que nos espaces ruraux et les communautés qui les habitent sont délaissés par les deux gouvernements. En effet, il n’existe plus d’instances au plan régional pour organiser et orchestrer savamment la concertation des acteurs et agents socio-économiques et faire contrepoids aux politiques gouvernementales. Il est tout aussi surprenant de constater le silence de la part des acteurs municipaux et des agents socio-économiques devant l’approche privilégiée par les gouvernements. Approche dorénavant très axée vers l’organisation municipale et des onze grandes villes du Québec. Je tiens rappeler à nos élus municipaux, québécois ou fédéraux que le Québec, c’est aussi les régions et les espaces ruraux. Devant de tels problèmes criants, il est maintenant plus que temps de réorganiser l’espace rural. Lui aussi, il a le droit de parler d’une seule voix et de se faire entendre auprès des autorités compétentes avant qu’il ne soit trop tard.

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