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Le big bang agricole c’est maintenant !

L’agroéconomiste Jean-Marie Séronie a publié le mois dernier un livre intitulé : vers un big bang agricole dans lequel il fait état des changements majeurs survenus et à venir dans le monde agricole sur le plan technologique. 

Il répertorie la multiplication des plateformes de services, explique la nouvelle économie du partage,l’importance de l’empreinte numérique dans le marketing efficace et précis.

Il présente ce big bang technologique sous un angle positif expliquant par exemple que s’agissant de la création de la valeur, une coopérative pourrait, grâce à l’analyse fine des comportements d’achat de produits physiosanitaires de ses adhérents fidèles, déterminer leurs itinéraires culturaux. «Imaginons encore qu’elle puisse croiser ces données avec, par exemple, des cartes pédologiques, des cartes bioclimatiques fines. On voit très vite comment elle peut, à partir du traitement et du croisement de ces données, affiner ses conseils et prescriptions…Elle crée ainsi de la valeur  par la précision du conseil. Elle permet aussi à ses adhérents d’augmenter leur efficience et contribue de la sorte à la réduction de la pression sur l’environnement.»

Après tout un chapitre sur la révolution mécanique foudroyante survenue  au 20e siècle, il constate qu’aujourd’hui nous sommes aux portes d’une troisième ou quatrième révolution industrielle, la Renaissance 3.0, comme certains l’appellent, dit-il, pour laquelle nous n’en serions qu’à ses débuts !

Il souligne bien sûr que pour réussir dans le métier d’agriculteur, il sera toujours indispensable de maîtriser les compétences agronomiques et zootechniques, mais que l’arrivée du numérique en agriculture va sûrement encore rajouter une exigence entrepreneuriale nouvelle et nécessiter des compétences et modes de raisonnements inédits.

À l’autre bout de la chaîne, il considère aussi qu’avec l’arrivée du numérique dans la distribution  ce qu’on appelle, le «supermarché augmenté» va permettre un dialogue direct ce qu’il considère comme une évolution forte tant pour le producteur que  le consommateur.

Il incite dans ce livre les instituts techniques agricoles à maximiser une plateforme partenariale mettant en ligne des référentiels et des interfaces de programmation applicative (API) afin de favoriser l’ouverture par un langage commun et une interopérabilité des systèmes plutôt que de se polariser sur la propriété des données. Il considère que si cette démarche parapublique appuyée par une logique d’ouverture la plus large ne se fait pas que, des pools privés d’échanges de données entre opérateurs ( et il cite  en exemple : Monsanto, John Deere, Lely etc.) ayant un intérêt commercial et financier direct vont le faire. Il rappelle que des firmes du secteur porcin ont déjà engagé une démarche de plateforme commune Domopig*, que des constructeurs de machinerie se sont regroupés autour d’un projet commun d’échange de données baptisé RKE et que de grandes entreprises de services numériques, employant au niveau mondial des milliers d’informaticiens, proposent des plateformes agricoles de collecte et harmonisation de données puis de traitement et de diffusion.

*Domopig : projet de collecte, de centralisation et de valorisation des données d’élevage porcin, porté par neuf entreprises bretonnes.

Référence : Vers un big bang agricole, par Jean-Marie Séronie – Éditions France agricole – 2016

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