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Que peut-on attendre de Laurent Lessard à l’agriculture?

Sûrement pas la réforme agricole que beaucoup juge nécessaire pour réorienter le secteur et en reprendre le contrôle. Lessard est tout sauf un visionnaire, comme on a eu pu le constater au cours de ses pérégrinations d'un ministère à l'autre, et il revient à ce ministère un peu comme un dépanneur,  "temporairement" nous dit-on, pour remédier à un accident…providentiel, dira sans doute l'UPA en coulisse! Mais temporairement jusqu'aux élections, c'est aussi possible, car le ministre Paradis était de plus en plus contesté.

Lessard est un bon mercenaire, pragmatique et "cavalier" lui aussi à sa façon, et il a l'avantage d'avoir lu le rapport Pronovost, contrairement à bien d'autres dirigeants, et même d'en avoir mis en oeuvre, avec le regretté Claude Béchard, les seules recommandations qui ont survécu: une réforme de la Financière, une étude des recommandations touchant le financement (rapport Saint-Pierre), le zonage agricole (rapport Ouimet), les circuits courts et les plans conjoints (Comité multipartite), et offert un premier programme de soutien aux circuits courts et à la multifonctionnalité. Mais il a toujours écarté l'abolition du monopole syndical (Recommandation 47).

Il saura sûrement désamorcer en douceur la crise mal gérée des taxes foncières et les menaces de boycott des sentiers de motoneige à laquelle il s'est déjà frotté je pense. Il voudra sûrement aussi -c'est le travail d'un bon mercenaire- arrondir les irritants avec l'UPA en vue des prochaines élections: les taxes foncières, le lait diafiltré, les compensations aux fromagers, un peu de réinvestissement peut-être, puisque c'est le nouveau cheval de bataille de l'UPA: toujours plus gros!

Saura-t-il soigner aussi le soutien à l'agriculture de proximité, à l'agriculture écologique et à l'agriculture territoriale, celle des régions périphériques notamment: c'est peut-être trop lui demander, car pour ce faire, il faudrait avoir le temps et le courage de pousser plus loin la réforme en profondeur du soutien au revenu des agriculteurs, comme le recommandait le rapport St-Pierre,  et la réforme de la gestion des plans conjoints de mise en marché collective, depuis longtemps réclamée par les plus petits et les très gros producteurs? Rien de sûr. Le sort de l'ITA de La Pocatière risque de ne pas se régler non plus. Il serait étonnant aussi qu'il s'attaque à la gestion du zonage agricole, comme le recommandaient Pronovost et Ouimet, même si, lors de son passage aux affaires municipales, il a sûrement pris connaissance de la nécessité de  rétablir l'équilibre entre la CPTAQ et le mandat d'aménagement des MRC.

On peut donc s'attendre à un travail de bon médiateur entre un gouvernement qui prépare les élections et une UPA aigrie par la désinvolture d'un ministre fermier du dimanche.

 

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