Le projet de loi 122 visant à accorder plus de pouvoir aux municipalités sur l’aménagement du territoire agricole ne peut que conduire à une destruction continue de la zone verte au Québec.
Malgré la Loi de protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA), des zones vertes et boisées situées à proximité de centres urbains n’ont cessé de disparaître depuis 1978.
Dans les Basses-Laurentides, région de mes ancêtres que j’habite depuis toujours, des milliers d’hectares de terres ont été cédés aux fins résidentielles, industrielles et commerciales, depuis la pitoyable construction de l’ex-aéroport de Mirabel.
Depuis 1969, l’aménagement du territoire s’est régulièrement fait au détriment de la zone agricole, pourtant classée comme la plus ensoleillée et dotée des meilleurs sols au Québec. Et les PDZA des MRC du secteur sont trop timides pour changer la situation.
Dans cette région, les élus municipaux n’ont pas fait preuve de beaucoup d’amour pour le territoire agricole : majoritairement, ils préfèrent les rentrées financières des développements résidentiels à celles de l’agriculture.
Le cas de la côte des Anges entre Sainte-Scolastique et Saint-Augustin de Mirabel en est l’exemple le plus détestable. Grâce à des failles de la LPTAA et à d’anciens zonages industriels sans bon sens du temps du projet de l’aéroport, la municipalité a pu affaiblir un secteur agricole performant, laissant des fermes enclavées par des résidences, souvent bâties sans goût ni services, qui commandent le tout-à-l’auto.
Des cas comme celui de Saint-Augustin de Mirabel, il y en a encore des dizaines en attente de l’adoption du projet de loi 122 au Québec.
Un allègement de la législation qui accorderait aux élus municipaux et aux promoteurs les coudées franches pour poursuivre un étalement urbain d’un autre siècle, ne peut qu’être contraire à tous les principes de développement durable et de lutte aux changements climatiques que le gouvernement se targue de valoriser. Ça fait longtemps qu’on souhaite que ces mots prennent un véritable sens dans l’esprit des Québécois. Il serait temps de s’y mettre ! Ce que le projet de loi 122 ne démontre pourtant pas !
Car le milieu rural à proximité des centres urbanisés est atteint d’un cancer terrible : celui de la spéculation, du n’importe-quoi qui permet la destruction du patrimoine agraire et bâti au nom du développement économique et commercial, du vieillissement de la population. Sans trop exagérer, il est possible de dire que le laxisme des élus a amené une mixité de plus en plus difficile à gérer. Qui ne connaît pas des gens qui trouvent plus avantageux de se payer une terre qu’une grosse maison dans une banlieue cossue ou un local dans un parc industriel ?
Il serait drôlement imprudent de fermer les yeux sur les vices cachés de la Loi 122.
S’il doit y avoir une révision des pouvoirs municipaux, ce n’est pas en aménagement du territoire qu’il faut lâcher du lest.
Le passé a clairement démontré que nos élus sont trop peu instruits sur le sujet de l’agriculture, de la protection du patrimoine paysager, bâti et culturel, sur les enjeux environnementaux pour leur donner plus de marge de manœuvre. Et trop vulnérables au chant des sirènes des promoteurs.
S’il doit y avoir révision des pouvoirs municipaux, cette dernière doit être accompagnée d’une tolérance zéro bien claire sur l’étalement urbain et la destruction du patrimoine agraire et bâti.
La zone verte et les zones blanches cultivables à proximité des grands centres urbains doivent être mises en valeur, les boisés conservés. Pas de place pour le commercial non-agricole, pas de place pour de nouvelles zones résidentielles, pas de place pour des dérogations industrielles.
Tolérance Zéro, sans compromis. Même si des élections s’en viennent.