La Presse sous la plume de Denis Lessard écrivait le 9 mars dernier : «Le monopole de la Société des alcools du Québec (SAQ) ne sera pas revu avant les prochaines élections. Une réflexion sur cette question en est encore à des « balbutiements », et l'amélioration de la performance de la société d'État rend encore moins probable cette avenue.» Si le gouvernement libéral de Philippe Couillard a souvent flirté avec des intentions de pluralité dans divers domaines, dont la vente des alcools ou le pluralisme du syndicalisme agricole, il semble que l’approche des élections freine les ardeurs de certains dans ce domaine. L’éclatement des monopoles risque de rester encore quelques années sur les tablettes du placard.
La Presse rappelait dans son article que c’est une lettre équivoque du ministère des Finances au critique de la CAQ, François Bonnardel qui a déclenché des spéculations quant au monopole de la société d'État. Le Ministère refusait alors de donner accès à des études traitant de la question du monopole tout en admettant en même temps qu'il en possédait. Pour le ministre des Finances Carlos Leitão, avec l'amélioration de la performance de la SAQ « la réflexion sur le monopole est moins urgente ». C’est aussi ce qu’il confie à La Vie agricole dans le numéro d'avril 2017.
Le président de la Société des Alcools, Alain Brunet a souligné que la décision sur l'avenir du monopole n'appartient pas à la SAQ mais au gouvernement. Le député de la Coalition avenir Québec François Bonnardel pousse depuis des mois, inspiré par le rapport Robillard, sur la revue des programmes gouvernementaux pour que l'on brise le monopole de la Société des alcools. De son côté Pierre Moreau, président du Conseil du Trésor disait au huis clos du budget que «Le rapport Robillard n’est pas mort». Qui croire ?
Si l’Union paysanne et le Conseil des entrepreneurs nous confirment tous deux que leurs organisations entretiennent des liens très cordiaux avec le nouveau ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, aucune n’est en mesure de nous dire si le gouvernement actuel a dans ses cartons des intentions claires de mettre le pluralisme syndical sur la table. Il serait bien étonnant qu’il en soit ainsi à quelques mois des élections. Il est rare qu’un gouvernement crée des tensions avec des milieux privilégiés aux portes du renouvellement du pouvoir. Les monopoles semblent rangés au placard du moins jusqu’au prochain mandant libéral si le gouvernement garde la confiance de la population au point d’être capable de se faire réélire.