Quelle honte que cette troisième et dernière étape préparatoire au Sommet sur l’alimentation d’où est censé émerger notre future politique bioalimentaire! On s’y attendait, mais c’est quand même choquant : on a choisi de gérer ce sommet comme on gère un scandale : en étouffant la rumeur, en détournant les questions, en attendant que ça passe.
Non pas que le somptueux décor du Centre des congrès de Lévis n’ait pas été à la hauteur du ministre et de sa lourde cohorte ni que l’emballage multimédia n’ait pas été à la fine pointe de la technologie. Non, à n’en pas douter, le MAPAQ n’a pas lésiné sur la sauce pour nous présenter son show de boucane, mais il n’en demeure pas moins que c’est exactement ce que c’était. Une grande fête printanière pour les cigales alors que les fourmis sèment aux champs.
Quelle honte! Et combien d’argent jeté par les fenêtres pour faire semblant qu’on fait quelque chose!
Ce n’est pas que les conférences n’aient pas été pertinentes, les ateliers, bien orientés, ou les cahiers thématiques, informatifs. C’est qu’on sentait toute l’inertie de ces gestionnaires qui s’opposaient de tout leur poids à quelque tentative de changement ou d’innovation que ce soit provenant de l'extérieur.
Suffit de penser au regard vitreux du ministre, plus souvent qu’autrement plongé dans son agenda électronique alors que les participants s’efforçaient d’utiliser leurs deux minutes d’audience pour présenter leur cause.
Suffit de penser à l’animatrice de mon atelier qui demandait à ce qu’il n’y ait « pas de débat » pour ne pas « polariser la discussion »!
Ainsi donc, les 24 participants se sont surtout servis des 90 minutes allouées à l’exercice pour se présenter tour à tour… et voilà que c’était fini.
Je n’en retiens que la participation des Amis de la terre qui m’est apparue la plus franche et la plus critique. Je me souviens aussi m’être demandé pourquoi Équiterre ne réclamait pas (ou plus?) l’étiquetage obligatoire des OGM. Mais d’autres l’ont fait pour elle.
Personne, par contre, n’a été en mesure de débattre véritablement du thème « préserver et valoriser les ressources bioalimentaires et le territoire »; pas surprenant, avec 90 minutes et 24 participants interdits de débat…
Bien joué, les organisateurs de cette grande bouffonnerie!
Tout reste à faire, mais une chose est claire, on sait maintenant sur qui ne pas compter et à qui ne pas demander la permission : il faut prêcher par l’exemple. Les lois changeront devant le « faire » accompli. Continuons à développer notre savoir-faire et le temps viendra bientôt où « la » MAPAQ, après avoir chanté et dansé tout l’été, viendra nous demander qu’on lui donne à manger.
Dominic Lamontagne
Auteur de La ferme impossible, parrain d’honneur de l’Institut Jean Garon, militant pour une agriculture plurielle.