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La ferme Songhaï… vous connaissez ?

Depuis maintenant quelques décennies, il existe au Bénin, un endroit où l’agriculture est enseignée et pratiquée selon une approche intégrée et basée sur les principes du développement durable. Telle une légende pour plusieurs partenaires d’Oxfam-Québec œuvrant dans le domaine, la ferme Songhaï évoquait quelque chose de mythique, le rêve de l’unité de production agricole où l’agroécologie, l’innovation et la durabilité sont des mots d’ordre à la base de la pratique. C’est ainsi qu’en l’espace de quelques mois, des organisations partenaires d’Oxfam ont signalé, chacune de leur côté sans échange ni concertation, leur rêve de pouvoir un jour visiter la ferme Songhaï.

Travaillant dans une approche de renforcement de capacité et ayant toujours en tête l’innovation pour favoriser l’atteinte d’un développement durable et d’une sécurité alimentaire pour toutes et tous, Oxfam-Québec a donc saisi l’opportunité pour mettre sur pied la « Mission Songhaï ».

La visite a eu lieu cet hiver et a permis à 10 organisations partenaires d’Oxfam-Québec, représentées par 13 leaders, dont 7 femmes et 5 jeunes, d’être formées sur différents volets liés à l’agriculture intégrée pratiquée à Songhaï. Ces partenaires actifs pour le développement agricole de leur communauté provenaient de la République démocratique du Congo, d’Haïti, du Burkina Faso et du Bénin. Par cette expérience, ils ont pu se familiariser avec une approche holistique de l’agriculture dont le modèle est basé sur les besoins humains plutôt que sur le capital. Aviculture, pisciculture, phytofiltration, techniques artisanales et industrielles de transformation et conservation des aliments, production du compost et systèmes énergétiques renouvelables font partie des thématiques ayant été abordées à travers les séances de formation.

Un des jeunes participants de la République démocratique du Congo, Japhet Mateta, nous dit : « Ici, j’ai compris que le 1er capital qui importe, c’est l’être humain. Ensuite vient l’environnement qui l’entoure. On doit arrêter de définir notre façon de travailler en fonction de l’argent. Tous les éléments de l’environnement doivent être intégrés dans une réflexion globale et valorisés. »

Le séjour a été une véritable source d’inspiration pour les participants grâce à des cours pratiques, donnés directement dans l’environnement productif à Songhaï. Cette semaine intensive d’apprentissage a également été l’occasion d’échanger sur les problématiques vécues par chacun et les approches et techniques à mettre de l’avant pour y faire face.

Que ce soit pour améliorer la chaine de transformation de la mangue par le séchage, la gestion des berges par la plantation d’arbres productifs ou encore le renforcement du marketing pour favoriser la vente des produits agricoles, ces échanges entre les leaders des organisations présentes ont permis la mise sur pied d’un véritable réseau d’expertise entre les pays du Sud. Grâce à une simple application mobile, les échanges entre les participants se poursuivent encore à ce jour, permettant de pérenniser ce nouveau réseau autour du partage d’informations et d’opportunités.

Les participants sont donc repartis dans leur pays respectif, la tête remplie d’idées pour mettre en place une production agricole diversifiée et intégrée permettant d’appliquer le principe de base appris lors de leur séjour : « rien ne se perd, tout se transforme et beaucoup se créé! ». Les participants à cette mission travaillent maintenant à la mise sur pied de leur propre projet innovateur inspiré par Songhaï. Par exemple, du côté d’Haïti on vise la mise en place d’un centre de formation en agriculture intégrée pour les jeunes. Au Burkina, c’est plutôt sur l’intégration d’un biodigesteur que l’on travaille.

L’expérience a été un franc succès et nous permet de conclure que l’apprentissage et les échanges de connaissances directs entre acteurs du monde agricole sont une source d’inspiration qui peut donner un nouveau souffle et une envie d’innover. Cette innovation en agriculture est nécessaire pour la mise en place d’un modèle de développement agricole permettant aux agriculteurs et agricultrices, notamment les jeunes, de faire faire face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux contemporains.

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Érika Salem est Chargée de programme Sécurité alimentaire et environnement pour Oxfam-Québec

 

 

 

 

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