Comme des abeilles les politiciens collent au miel de l’UPA ! Pierre Lemieux, premier vice-président à L'UPA, a été le premier a lancé l’idée d’une ouverture de la loi de 1972 (dite la loi « encadrant le monopole syndical) pour repenser le financement de l’UPA. Marcel Groleau à grands coups de renfort de son journal syndical, La terre de chez nous, a continué dans la même veine. La plupart des politiciens regardent au-dessus de la réalité agricole pour s’éviter des affrontements supplémentaires à quelques mois d’une nouvelle élection provinciale.
Le timing est idéal pour l’UPA ! Paradis s’est évaporé ou a été évaporé ! Lessard maintenant à nouveau en charge de l’Agriculture en est à son troisième passage dans ce ministère et il n’y a jamais mené une révolution. Sylvie D’Amours, critique agricole à la Coalition Avenir Québec (CAQ), le parti sensé proposé un Québec différent que ce qu’offrent les « vieux partis», un temps écartée de l’Agriculture, revient à ses premiers amours, mais n’a d’autres choix que de marcher au rythme de son parti. Et on a vu au congrès de L’UPA, en 2016, François Legault se rapprocher du syndicat. D’Amours est sûrement la plus intéressée à brasser le jeu mais elle s’exprime encore avec prudence à tel point qu’il semble que le média du syndicat unique se plaise à interpréter ses paroles pour la « ramener dans le droit chemin!».
André Villeneuve du parti québécois a souvent été perçu dans le milieu agricole comme greffé au syndicat unique. Au sein du parti souverainiste, rares sont ceux qui osent parler en faveur du pluralisme agricole. Bernard Landry a osé dans le cadre d’une entrevue avec La Vie agricole, mais il n’était plus en politique. Jean Garon a clairement dit lui aussi et même écrit dans des chroniques dans notre mensuel que le monopole n’est plus l’option idéale. Mais lui aussi n’était plus en politique active.
L’UPA, peut-être secouée par les questions que posent le récent documentaire de Marc Séguin en dehors du cercle habituel de l’agriculture, ou inquiète des interventions régulières de Roméo Bouchard, fondateur de l’Union paysanne sur les réseaux sociaux et dans notre publication ou soucieuse de la renaissance du Rapport Pronovost depuis la création l’an passé de l’Institut Jean-Garon ( dont Jean Pronovost est président) essaye de faire passer la réouverture de la loi de 1972 comme l’occasion de donner un accès aux petits producteurs. L’UPA profite aussi fort probablement d’un essoufflement des mouvements qui tentent de se faire reconnaître comme des syndicats depuis 17 ans pour un, L’Union paysanne, et depuis 7 ans pour l’autre, le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA).
Là où Sylvie D’Amours a en partie raison : cela fait trop longtemps que le débat tourne autour du monopole et du pluralisme! Là où elle a tort, c’est en disant qu’il faut arrêter de parler de ce débat parce que le disque tourne depuis trop longtemps. La vraie question que, ni elle, ni aucun autre politicien n’ose poser très clairement et très franchement, c’est : quel est le montant total des prélevés octroyés par la loi au syndicat unique et pour quelle raison en 2017, 45 ans après la loi de 1972, les producteurs qui se sont regroupés avec conviction et sans moyen dans d'autres organisations que l'UPA pour obtenir une reconnaissance n’auraient pas le droit à celle-ci comme partout ailleurs sur la planète ?
L’UPA profite de la valse agricole : le départ de Paradis, l’amollissement des libéraux sur le sujet, les allers-retours de Sylvie D’Amours à l’agriculture, l’inaction dans ce domaine du parti québécois, le départ annoncé de Benoit Girouard de L’Union paysanne, l’effacement ces derniers mois de Jacques Cartier, président du CEA, le départ de Pierre Lemieux de la première vice-présidence de l’UPA et donc de la perception d’un renouveau pour la relève au sein de la structure nationale, le gel au MAPAQ hiver comme été, bref temps d’occasions pour l’UPA de passer à travers les gouttes pour tenter de canner une nouvelle loi pour les 50 prochaines années !