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Exportation de porcs québécois au Japon: la compétition sera plus rude!

Les exportations de porc québécois au Japon n’ont cessé de croître depuis 2013. Elles ont augmenté de $234 millions à $293 millions de 2013 à l'an dernier, une croissance de 25 pour cent, selon Statistique Canada. En 2016, la valeur se répartissait à $190 millions (65 pour cent) en porc réfrigéré et $103 millions (35 pour cent) en viande congelée. Cela représente le quart du total des exportations de la province vers le Pays du Soleil levant. "À titre de comparaison, les importations de produits aéronautiques en provenance du Québec s’élevaient à $93 millions, trois fois moins que le porc," indiquait Claire Deronzier, alors déléguée générale du Québec à Tokyo, depuis remplacée par Luci Tremblay. Mais les exportations de porc ont déjà été plus élevées, atteignant même une valeur de $342 millions en 2008. Cette variation est principalement due au taux de change, affirmait récemment Mme Deronzier. "Un yen fort ou un dollar canadien faible feront augmenter les importations et l’inverse les fera diminuer," expliquait-elle. 

Difficile cependant de savoir la quantité de porc que le Québec exporte vers le Japon, car Statistique Canada compile les statistiques uniquement par valeur. Le ministère du Revenu du Japon compile bien les importations par quantité, mais seulement par pays, non par région. L'Association des importateurs et exportateurs de viande du Japon, qui regroupe 30 compagnies, ne peut répondre spécifiquement au sujet des importations provenant du Québec, explique le directeur exécutif sortant, M. Tatsuo Iwama. Selon Mme Deronzier, le porc québécois est principalement distribué dans les hôtels et restaurants plutôt que les supermarchés, mais encore là, l'Association des services alimentaires du Japon (453 compagnies, environ 67,000 restaurants) ne collige aucune donnée sur son utilisation, dit le directeur des relations publiques, Monsieur Shigeru Ishii. Outre la restauration, cette marchandise est aussi utilisée par des usines de seconde transformation (les fabricants japonais de saucisses, de jambon et de bacon), dit pour sa part Monsieur Raymond Mark, directeur des services économiques à la Délégation générale du Québec à Tokyo.

Quelques importateurs du Japon font dans le commerce de porc du Québec, dont Sugi Trading, qui importe les produits de F. Ménard et Lucyporc, et Global Vision, qui fait venir ceux de Fermes St-Canut. Certaines chaînes de magasins d'alimentation, dont Costco Japan (26 entrepôts) et Universe (57 supermarchés) offrent aussi du porc du Québec. Toutes ces compagnies, ainsi que le bureau de Tokyo d'Olymel International, ont cependant refusé de répondre aux questions de La Vie agricole. Selon Mme Deronzier toutefois, les coupes de porc exportées au Japon sont principalement du jambon et du filet réfrigérés ou congelés. Il y a aussi de la longe de porc, ajoute M. Mark. Pour réussir sur le marché japonais, les producteurs québécois doivent produire un porc sur mesure exclusivement pour le Japon. Ce porc est généralement élevé, coupé et emballé selon les préférences des clients japonais. À titre d’exemple, certains producteurs laissent reposer leurs porcs 16 à 24 heures avant l’abattage, comparé au standard de deux à cinq heures de l’industrie. "Ceci permet d’obtenir une viande plus tendre et plus juteuse," dit Mme Deronzier.

La position du Québec n’est toutefois pas assurée parce que plusieurs autres pays vendent du porc au Japon, dont les États-Unis et l’Union européenne, sans oublier d’autres provinces canadiennes comme l’Alberta et l’Ontario. Certains pays comme le Mexique et l’Espagne, bien que leurs ventes actuelles au Japon demeurent modestes, sont en voie de devenir des concurrents importants du Québec. "Les accords signés par le Japon avec des pays qui produisent du porc comme l’Australie, le Mexique et bientôt l’Union européenne permettent à ces pays d’exporter leur porc à un prix plus avantageux que le Québec, puisque ces ententes prévoient éliminer les tarifs douaniers sur le porc," a déclaré  Mme Deronzier.

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