La présentation du budget à huis clos, à laquelle a assisté La Vie agricole et ses experts dont Jean Pronovost et Simon Bégin de l’Institut Jean-Garon, a dévoilé des investissements supplémentaires de 350 millions de dollars sur 5 ans pour le secteur bioalimentaire dont 180 millions sur 5 ans pour accroître l’investissement en production et en transformation bioalimentaires. On y évoque aussi 55 millions de dollars sur 5 ans pour favoriser une offre alimentaire québécoise plus saine et plus locale mais seulement 7 millions de dollars sur 5 ans (2 % des investissements) pour le bio et seulement 11, 5 millions de dollars sur 5 ans (environ 3 % des investissements) pour la gestion des sols.
Par ailleurs le gouvernement écrit concernant cet appui de 349 millions pour le secteur bioalimentaire « À cette fin, des crédits additionnels seront octroyés au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Pour l’année 2018-2019, les sommes seront pourvues à même le Fonds de suppléance». Est-ce à dire que rien n’est assuré réellement à compter de l’an 2 d’autant plus que rien ne garantit à l’heure actuelle que le gouvernement libéral soit réélu le 1er octobre prochain ?
Cette politique annoncée découle d’une grande adhésion des participants au Sommet sur l’alimentation tenu en novembre 2017, selon le gouvernement, « de portée gouvernementale inclusive, innovante, plurielle, entrepreneuriale, renouvelable et axée sur un dialogue permanent». Tous ces adjectifs ne disent pas vraiment si le dialogue se limitera à un échange avec l’UPA ou si une ouverture sera faite au cours des 5 prochaines années avec d’autres d’associations représentant les producteurs et leur diversité ?
Beaucoup de place à l’exportation
Il est souligné dans les documents fournis par le gouvernement que depuis quelques années le secteur bioalimentaire se retrouve parmi les quatre premières industries manufacturières au chapitre des exportations du Québec notamment reconnu pour ses produits comme le porc, le sirop d’érable, les produits marins et les petits fruits.
Actuellement, plus de 50 % des ventes des secteurs de la production et de la transformation bioalimentaires se fait en dehors du Québec : 25 % auprès de consommateurs ailleurs au Canada, 31 % auprès des consommateurs à l’étranger et principalement aux États-Unis. Seulement 44 % des ventes de ces secteurs se sont faites auprès des consommateurs québécois.
Saputo et Agropur dans le palmarès
Le gouvernement se félicite que des entreprises du secteur de la transformation alimentaire soient parmi les premières dans le monde. Ainsi sont cités dans le palmarès Saputo et Agropur qui comptent respectivement parmi les dix et les vingt principales entreprises laitières au monde au chapitre du chiffre d’affaires, ainsi qu’Olymel (La Coop Fédérée) qui se classe elle aussi parmi les vingt plus importantes entreprises porcines en Amérique du Nord.
Les principales cibles visées pour 2025 par le gouvernement du Québec sont d’accroitre de 6 milliards de dollars les exportations bioalimentaires internationales du Québec pour les porter à 14 milliards, d’ajouter 10 milliards de dollars de contenu québécois dans les produits achetés au Québec passant de 24 milliards de dollars à 34 milliards de dollars en 2025 et de doubler la superficie en production biologique afin qu’elle passe de 49 000 hectares à 98 000 hectares mais assurément les efforts financiers ne seront pas attribués de la même façon selon les cibles : le bio et la gestion des sols restent les parents pauvres de cette nouvelle politique bioalimentaire.
Le gouvernement du Québec a mis la table en cette journée de huis clos pour présenter les grandes lignes qui prédestinent l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire avant un dévoilement de la politique bioalimentaire en avril prochain. Toutefois les recettes dévoilées pour le moment pour y parvenir sont maigres et rien ne précise si des changements de politiques en profondeur sont envisagés.