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La Politique bioalimentaire ne répond pas aux attentes des producteurs artisans selon Dominic Lamontagne

Dans la foulée de sa Politique bioalimentaire 2018-2025, le MAPAQ doit plus que jamais permettre et encadrer la production, la transformation et la mise en marché de produits agricoles artisanaux, soutiennent Dominic Lamontagne et Amélie Dion, qui exploitent une ferme artisanale à Sainte-Lucie, dans les Hautes-Laurentides.

Dans une longue lettre qu’ils ont envoyé le 9 avril dernier au ministre de l’Agriculture Laurent Lessard, les producteurs artisanaux jugent inacceptable que rien ne soit annoncé pour soutenir l’élevage et l’abattage d’ animaux sous forme artisanales, dont les produits sont pourtant réclamés par un nombre croissant de consommateurs. 

Ils déplorent vivement que le gouvernement actuel ne reconnaisse pas les bienfaits d’une agriculture artisanale qui ne peut se faire qu’en modifiant plusieurs règlementations fixées pour une agriculture productiviste industrielle.

Le couple souligne que l’artisan « s’occupe de A à Z du processus de création de son aliment. Il voit à la reproduction de ses animaux, à l’élevage de ses troupeaux, à l’abattage de ses bêtes, à la transformation de sa viande, et à la mise en marché directe de ses aliments auprès de ses clients. Son produit est unique et son savoir-faire est essentiel à l’existence même de son entreprise; sans lui, sur sa ferme, plus rien n’est possible. »
Selon eux, en soutenant principalement le modèle agricole industriel, le gouvernement du Québec ne se préoccupe pas vraiment de la création d’emplois, de son impact sur la nature et du bien-être animal. Ni que ces manquements n’apparaissent sur le prix du produit vendu en épicerie. 

Des recommandations

La lettre d’Amélie Dion et de Dominic Lamontagne suggère plusieurs pistes d’action au MAPAQ.

Parmi celles-ci, notons, la demande de l’établissement d'un statut d'artisan agricole en parallèle au statut de producteur agricole tel que défini par la Loi P-28.
Les militants argumentent que l’entrepreneur qui souhaiterait obtenir ce statut devra, à la base, respecter un seuil de production maximale fixé par le MAPAQ, respecter des normes d’hygiène et de salubrité adaptées à sa réalité spécifique, s’en tenir exclusivement aux ventes directes aux consommateurs et résilier ses droits au soutien financier réservé aux producteurs agricoles.
« Si nous fixions par exemple le seuil de production maximale à 1% de la production moyenne québécoise, l’artisan pourrait produire annuellement jusqu’à 3 600 litres de lait, 8 750 douzaines d’œufs et 2 500 poulets. Ce n’est pas rien, surtout s’il est possible de tout transformer à la ferme, dans une cuisine de transformation qui respecte les règles de l’art, sans être une usine », ont-ils calculé.

Également, les producteurs-artisans réclament que le MAPAQ permette « la transformation et la vente à la ferme de produits cuits, fabriqués à partir de lait cru, sans qu’un permis d’exploitation d’une usine laitière soit exigible. »
Enfin, Dominic Lamontagne et Amélie Dion jugent « déraisonnable et préjudiciable à l’essor de petites fermes artisanales polyvalentes que le MAPAQ refuse d’étudier, dans le cadre d’un projet pilote, la possibilité d’encadrer et de permettre l’abattage de la volaille à la ferme, dans de petits postes d’abattage extérieurs temporaires, surtout lorsque la volaille est élevée et vendue à la ferme sans contingent spécial. »

Les producteurs artisans entendent poursuivre leur bataille tant et aussi longtemps que le MAPAQ ne fera pas preuve d’ouverture.

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