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Santé Canada en a fumé du bon

Santé Canada, comme bien d’autres ministères provinciaux de la santé, représente bien plus un ministère  technocrate que démocrate. C’est-à-dire, que les décisions sont prises en privilégiant les données techniques  au détriment parfois, de facteurs humains et sociaux. Il m’a toujours semblé que l’apparente méfiance des ministères  de santé envers  l’industrie canadienne faisait partie de leur culture ministérielle et souvent une question de fierté pour eux de tenir tête à l’industrie agroalimentaire.

De l’extérieur toutefois, leurs décisions ne sont pas exemplaires. Les inconséquences de Santé Canada sont légion surtout avec l’avancement de la science et de la technologie comme la nano-filtration et l’ultrafiltration. La science avance, mais leurs catégories ne s’adaptent pas. Demandez aux experts qui vous entourent,  ils vous citeront de nombreux cas. Vieille culture bien ancrée? Peut-être. Je me rappelle que dans les années ‘80 on m’informait que Santé Canada refusait de permettre d’annoncer sur les ondes le contenu de l’étiquette que le ministère avait déjà lui-même approuvé pour des produits pharmaceutiques. À savoir, qu’il était  dangereux d’entendre,  mais pas de  lire un label pharmaceutique.

Vous rappelez vous il y  25 ans, lorsque Santé Canada nous encourageait à consommer des yogourts sans aucune mise en garde contre ceux qui contenaient trop de sucre? Ce même ministère qui tolère l’importation de nombreux fromages qui ne rencontrent pas les exigences « santé » canadiennes. Le même  fromage fait par des étrangers serait moins nocif.

Aujourd’hui Santé Canada se targue d’exclure l’industrie alimentaire et les études financées par celles-ci dans le processus d’élaboration de son guide alimentaire alors que pour la reconnaissance de médicaments au Canada elle demande à l’industrie de faire des études. Bienvenue la logique et les décisions conséquentes. De plus, il y a une certaine dose d’arrogance d’assumer que tous les scientifiques et profs d’université qui font des études financées par l’industrie alimentaire sont suspects. En même temps, deux ou trois autres ministères insistent pour que l’industrie fasse plus de recherche.

C’est faire preuve d’esprit non-scientifique que d’ignorer délibérément tout un bassin d’études et des conclusions qui risquent de faire avancer la science. S'il y avait un doute sur les conclusions d'une étude de l'industrie, le processus scientifique consiste tout simplement à reprendre l'étude pour voir si on arrive aux mêmes conclusions.

Un gouvernement démocratique qui veut exclure une partie prenante dans l’élaboration de ses décisions se comporte plutôt comme un ministère  russe ou chinois. En démocratie, tout groupe touché par une décision gouvernementale à venir a le devoir  de se faire entendre. Ainsi, l’industrie a le devoir de trouver les moyens de se faire entendre. Sinon, on lui reprochera son manquement plus tard. Le gouvernement a aussi le devoir d’entendre toutes les parties. C’est la base même de la démocratie. Le hic est que dans un cas comme celui du guide alimentaire, ce sera ceux qui ont les moyens financiers de se faire entendre qui trouveront les moyens de percer ce mur. Ainsi, une fois de plus, notre gouvernement fédéral n’aura d’oreille que pour les multinationales étrangères et quelques Canadiennes qui auront les moyens financiers de se faire entendre.

Le guide alimentaire sera publié. On ne parlera pas de modération, de gérer les quantités consommées, jamais on vous dira que même l’eau  en trop grande quantité est nocive, que manger trop est dommageable, que tout conseil dépend de la constitution des individus, etc.

De toute façon, ce sera le “pot » qui dominera nos énergies gouvernementales et son « nirvana » éventuel. Et il n’y aura rien de suspect dans toute cette « business ». Après tout, Le gouvernement est là pour nous protéger.

 

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