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D’un Youri à l’autre, la CAQ n’est pas sûre de crier «Youpi» le 1er octobre prochain!

Le 15 avril dernier, le chef de la CAQ, François Legault, se réjouissait de la candidature dans le comté de Saint-Jérôme de, Youri Chassin, connu pour son rôle d’économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal (IEDM). La CAQ soulignait alors que MM. Legault et Chassin se connaissent depuis longtemps et « qu’ils ont toujours partagé une vision commune pour le Québec ». Youri Chassin est connu dans le monde agricole pour avoir milité pour la fin de la gestion de l’offre. Il aurait changé d’avis en rejoignant la CAQ. Est-ce le pouvoir qui intéresse la CAQ ou les convictions ?

Il y a quelques mois, alors que plusieurs députés caquistes répandaient dans les campagnes qu’ils étaient en faveur du pluralisme syndical en agriculture, par deux fois ces derniers mois, le chef François Legault se déclarait en faveur du monopole syndical. Cet hiver, lors d'une rencontre avec Les Céréaliers du Québec,  alors que Chantal Soucy prétend que son chef ne voulait pas maintenir « à tout prix» le monopole syndical en agriculture, celui-ci est sorti quelques jours après pour la désavouer.

Mais Sylvie D’Amours, bien connue dans le milieu agricole pour entretenir la flamme du pluralisme syndical est venue écouter religieusement les propos de Jean Pronovost et Roméo Bouchard lors du lancement du livre de ce dernier : « L’UPA, un monopole qui a fait son temps», à Québec en mars dernier.

La CAQ va avoir besoin d’un peu plus de parler-vrai pour convaincre le monde agricole qu’elle s’enligne sur du changement parce que jusqu’à maintenant rien n’est clair !

Quelle différence significative entre le PLQ et la CAQ ?

La CAQ recrute maintenant un des plus grands ennemis de la gestion de l’offre et celui-ci aurait subitement retourné sa veste ? Déjà que nombre de caquistes dans le passé tel Gaétan Barrette ou Dominique Anglade semblent avoir bien intégré le parti libéral, comment croire à la différence significative entre ces deux partis ?

Le changement de politique promis depuis des années par la CAQ ne sera-t-il qu’une pâle copie du parti libéral. Entre l’original et le générique, lequel les Québécois choisiront-ils ?

Ce que disait le Youri d’avant le 15 avril 2018

Mais pour en revenir à Youri Chassin, il est hallucinant de lire un récent point de l’Institut économique de Montréal ( juin 2015) signé par nul autre que Youri Chassin et Mario Dumais.

Les extraits qui suivent sont éloquents. Comment renier de telles convictions ?

 «Le gouvernement fédéral (…) au lieu de simplement procéder à quelques changements cosmétiques pour contenter ses partenaires commerciaux, devrait saisir cette opportunité pour mettre un terme définitif aux politiques anachroniques de gestion de l’offre. (…) Les bénéficiaires de ces politiques (…) sont les 13 500 producteurs canadiens de lait, de volaille et d’œufs, qui représentent le huitième de toutes les fermes au pays. La gestion de l’offre nuit toutefois aux 35 millions de consommateurs canadiens en les forçant à payer systématiquement plus pour ces produits, ainsi que pour d’autres qui les utilisent comme ingrédients. (…) Le système de gestion de l’offre nuit aux transformateurs qui doivent payer davantage pour le lait qu’ils utilisent pour produire des denrées comme le beurre et le fromage.(…) Les entreprises canadiennes qui dépendent du commerce international sont également touchées par la gestion de l’offre, dans la mesure où l’existence de ce système au Canada a fait obstacle à une plus grande ouverture des marchés des autres pays. (…) La gestion de l’offre ne procure aux producteurs que peu d’incitations à innover et à devenir plus productifs. (…) Le gouvernement fédéral pourrait s’inspirer de l’Australie, qui a éliminé avec succès le système de gestion de l’offre dans son industrie laitière il y a quinze ans. Pour aider les producteurs laitiers à s’ajuster, le gouvernement a racheté leurs quotas de production, une mesure financée par une taxe temporaire de 11 cents sur le prix de détail de chaque litre de lait entre 2000 et 2009. (…) Contrairement à ce que certains auraient pu craindre, l’industrie laitière australienne ne s’est pas effondrée après cette déréglementation. Les producteurs les moins efficaces ont profité de compensations pour se retirer du secteur, le nombre de fermes diminuant de 50 % entre 1999-2000 et 2012-2013. Ceux qui sont restés ont toutefois pu accroître leur production et prospérer, la production par ferme ayant augmenté de 71 % durant la même période. Les producteurs canadiens de lait, volaille et œufs pourraient prospérer de la même façon, si nous leur permettons de le faire, autant sur les marchés locaux que sur les marchés étrangers».

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