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Lait à 64,12$: les producteurs préparent la riposte

Avec son refus de fournir des explications face à la forte inquiétude dans les fermes, la fédération, Les Producteurs de lait du Québec perd la confiance de ses membres. Ils sont des centaines de producteurs laitiers à jaser de la riposte, pendant qu’ils font leurs semences. De nouveaux leaders se lèvent et réclament la démission de « la gang de cabochons qui prennent les mauvaises décisions.»

Olivier Ostiguy, de Marieville, est de ceux-là. Tellement écoeuré par la situation qu’il a choisi de parler publiquement, même s’il risque de se faire pointer du doigt et de recevoir un appel d’un administrateur de la Fédération des Producteurs de lait du Québec(PLQ) qui le sommera de se taire.

«  Je demande le départ des personnes impliquées dans les négociations avec les transformateurs. Ils ne font pas leur job.  Et je ne parle pas juste des dirigeants. Il y a des employés qui gèrent les volumes de lait qui font preuve d’une incompétence totale (…) et qui n’ont rien vu venir. Il faut trouver d’autres personnes qui sauront mieux faire », précise le producteur laitier de 34 ans.

La mollesse des PLQ

Depuis jeudi dernier, les réseaux sociaux Lait’quitable, Les Amis de la gestion de l’offre et des régions et Unis pour le lait, débordent de centaines de commentaires et de propositions pour faire bouger la situation. L’indignation est à son comble devant la mollesse des PLQ.

Des dizaines de producteurs ont demandé la tenue d’une rencontre d’information d’urgence à leur président régional qui le leur a été refusée. Une lettre serait en préparation et remise aux producteurs laitiers au début de la semaine prochaine. Mais on ne sait pas ce qu’elle contient ni de qui elle viendra. Les administrateurs régionaux du lait n’auraient pas encore été consultés.

« Je sais pas pour vous, mais je pensais que la Fédération était là pour protéger les petits producteurs mais plus ça va, plus j'ai l'impression qu'ils sont là pour défendre les intérêts des transformateurs », dénoncent des producteurs de lait.

« Y a-t-il une bonne administration de la gestion des approvisionnements. C’est la question que tout le monde se pose », questionnent d’autres.

« Je ne comprends pas comment il se fait que personne ne contrôle les volumes de lait livrés par jour aux transformateurs. Ma Fédération je la paie pour qu’elle nous défende, pas les transformateurs », ajoute Olivier Ostiguy.

Boycott, manifestations et propositions

Les uns ont proposé de ne pas livrer leur lait aux transformateurs pendant deux jours, sans réussir à obtenir un consensus. D’autres ont lancé l’idée de se rendre manifester devant les bureaux des PLQ à Longueuil et devant l’Assemblée nationale.

« On finit les semences et après ça va fesser », promettent certains. Des échanges sont en cours avec des producteurs laitiers de l’Ontario prêts à faire front commun pour forcer les membres du P5 à plus de transparence.

La fédération des PLQ réplique à ces idées de manifestation. Dans un courriel, François Dumontier, leur porte-parole écrit : «  une manifestation contre qui ? Avec quel objectif ? Les producteurs souhaitent que leur prix s’améliore et la seule solution concrète pour y parvenir à court terme est entre les mains de la Commission canadienne du lait, tel qu’expliqué clairement dans la lettre de M. Letendre. La CCL rendra une décision sur des critères économiques et c’est sur cet objectif que nous concentrons nos efforts. »

D’autres sont en mode solutions. « Je me demande parfois si on ne serait pas mieux d'être compensés pour notre quota en argent cash et non avec des subventions bâtardes et de produire un peu à notre guise », lance un producteur.

Des producteurs remettent en question les prélevés pour les programmes de Lait canadien de qualité (LCQ)et ProAction, des initiatives de Producteurs de lait du Canada pour garantir la salubrité des produits laitiers auprès des consommateurs.

Catastrophe en vue

« Je ne suis pas surpris. Il faut changer le système et accepter une nouvelle réalité mondiale. Le prix du lait est trop élevé », déclare de son côté le commentateur prolifique des questions agroalimentaires, Sylvain Charlebois, doyen et professeur de l’École d’administration publique de l’Université de Dalhousie.

Il ajoute : « Je ne suis pas à l’aise de voir que le fédéral est hypocrite dans ce dossier. Ça fait des années que ça dure. Il ne propose aucune stratégie claire, à laquelle les producteurs ont droit. Il va falloir penser à un nouveau système de quotas, pour l’importation et l’exportation, mais il laisse les fanatiques contre la GO et les tenants du statu quo se faire la guerre. Pendant ce temps, on ne réfléchit pas à quel genre d’industrie laitière nous voulons dans 20, 50 ans », argumente-t-il.

À son avis, la situation actuelle ne peut qu’empirer si le statu quo perdure. « Si on ne s’entend pas sur une formule de prix, si on nivelle par le bas et qu’on continue à serrer la vis, ce sera la catastrophe. Le statu quo va mener au désastre », analyse-t-il.

Sur les marchés mondiaux actuels, le prix du lait est actuellement vendu à l’équivalent de 15$ les 100 livres ( 33 $ US l'hectolitre/ donc 42,50$ canadiens l'hectolitre).

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