Les producteurs canadiens devraient renforcer la résilience de leur entreprise afin d’assurer le maintien ou la croissance de leurs activités en période de turbulence, selon l’économiste agricole en chef de Financement agricole Canada (FAC).
« Les tensions commerciales font les manchettes et préoccupent de nombreux producteurs, mais ce sont les fluctuations des taux d’intérêt, de la valeur du dollar canadien et des prix des produits de base qui en découlent qui déterminent les perspectives des divers secteurs de l’économie agricole du Canada », a affirmé Jean-Philippe Gervais, au moment de la publication de la plus récente série de rapports sur les perspectives pour le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Les années de production record que nous avons connues dernièrement ont fait gonfler les stocks mondiaux de nombreux produits agricoles et ont contribué à faire baisser leurs prix. Malgré cela, la consommation mondiale a continué de progresser et les stocks ont commencé à se resserrer. À l’heure actuelle, les tensions commerciales perturbent les marchés des produits de base.
« Le changement est une constante dans notre industrie; les producteurs doivent être en position de tirer profit des occasions qui se présentent et de surmonter les difficultés à mesure qu’elles surviennent », souligne M. Gervais.
L’une des raisons d’être optimiste dans l’environnement incertain actuel est la solidité de la situation fondamentale pour tous les secteurs agricoles du Canada : la demande d’aliments demeure vigoureuse tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.
« Être résilient signifie que les entreprises agricoles et agroalimentaires canadiennes sont en mesure de s’ajuster rapidement à un contexte d’exploitation dynamique qui pourrait bien persister jusqu’à la fin de l’année », dit-il. « Il est fort probable que les circonstances changent rapidement, qu’elles soient favorables à leurs activités ou potentiellement défavorables. »
Pendant les six premiers mois de 2018, l’affaiblissement du dollar canadien a contribué à la croissance des revenus agricoles, ce qui a compensé la hausse des taux d’intérêt et des coûts du carburant et des engrais. Cela dit, l’économie canadienne est tributaire des secteurs axés sur les exportations. Les tensions commerciales, lesquelles font actuellement baisser le dollar canadien, pourraient continuer à faire baisser le huard sous la moyenne de 0,78 $ projetée pour 2018 et limiter toute hausse future des taux d’intérêt en 2018.
Les taux d’intérêt devraient augmenter dans la seconde moitié de 2018 alors que le dollar et les coûts du carburant et des engrais devraient se stabiliser.
Considérant la conjoncture économique changeante, la volatilité des marchés de produits de base et l’évolution du profil des échanges internationaux, M. Gervais offre les conseils suivants pour renforcer la résilience :
- Gestion du risque – élaborez des scénarios pour déterminer votre exposition aux tendances financières défavorables (hausse soudaine des taux d’intérêt) ou aux intempéries
- Exécution – actualisez votre plan de commercialisation afin qu’il reflète la conjoncture changeante et la volatilité qui en découle et créez des plans de culture qui correspondent aux nouvelles tendances en matière de préférences alimentaires
- Stratégie – ne perdez pas de vue vos objectifs à long terme et considérez l’intégration de vos plans de cultures, de commercialisation et de gestion financière
Selon M. Gervais, le secteur agricole et agroalimentaire du Canada fait déjà preuve de résilience et la plupart des fermes canadiennes continuent d’être en très bonne situation financière.