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«Si j’étais à nouveau ministre, je miserais sur un nouveau modèle québécois»

10 ans après le rapport Pronovost ou Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, il me semble que peu de choses ont changé pour les producteurs et les agriculteurs du Québec. Même si le milieu rural est reconnu pour être conservateur, il y a des priorités qu’on ne peut ignorer. Durant toutes ces années, les ministres se sont succédé et les problématiques demeurent toujours d’actualité.  Ce ne sont pas le travail ni les chantiers qui manquent pour un ministre de l’Agriculture, des pêches et de l’alimentation. Pour y arriver ça prend du courage politique, du courage oui, et de la persévérance pour faire bouger les choses.

Les priorités doivent toucher autant le producteur que le consommateur. Au Québec, il me semble que depuis deux décennies, le gouvernement s’attache plus à répondre aux revendications des diverses clientèles ou à réparer les incidents de parcours au niveau des infrastructures qui ont souffert sdu manque d’investissements et d’entretien.

On ne peut ignorer les négociations de l’ALENA où les USA souhaitent l’abolition de la gestion de l’offre. Il m’apparaîtrait important qu’un ministre monte au front et accepte de défendre les producteurs sur toutes les tribunes qui lui sont offertes.

Une de mes premières priorités serait la production laitière pour les raisons suivantes :

Adapter les règles gouvernementales afin de favoriser la production de proximité!

Ma deuxième priorité a déjà été proposée par la Commission et je la fais mienne. Il faut repenser le modèle d’agriculture et le moderniser en fonction des nouvelles donnes du marché. Comme ministre, par exemple, je trouverais important de mettre en place des moyens pour adapter les règles gouvernementales afin de favoriser la production de proximité. C’est sûr que cette réflexion passe par une reconsidération de la gestion des productions hors quotas ainsi que sur le financement de ce modèle de production que la relève semble privilégier. La mouvance actuelle confirme l’attrait du consommateur québécois pour ce modèle de proximité et la vente de ces produits dans les marchés publics. Le pluralisme d’association n’est toujours pas autorisé dans les faits. L’UPA a encore le haut du pavé et il faut y être membre pour bénéficier du programme gouvernemental concernant les taxes foncières.

Le numérique fait partie de l’avenir de l’agriculture

D’autres chantiers méritent qu’on s’y penche rapidement compte tenu de l’arrivée de l’intelligence artificielle et de l’arrivée de plusieurs technologies adaptées au monde agricole. Il m’apparaît essentiel, voire vital pour la survie de notre monde agricole, de faciliter le passage au numérique.  L'utilisation de la technologie sera la prochaine révolution dans le monde de l'agriculture. Déjà, certains agriculteurs se sont dotés de robots pour la collecte du lait. Mais la technologie va bien au-delà du robot ou de l’utilisation du GPS guidant le tracteur dans le champ. La technologie des objets connectés est à nos portes. Cette technologie va assister le producteur dans son travail au quotidien. La ferme de demain devra être dotée de réseaux sans fil et d’un accès à Internet à haut débit alors qu’actuellement plusieurs milieux ruraux peinent pour l’accès au réseau cellulaire. Avec de nouvelles technologies développées ici même au Québec (Hortau), l’agriculteur va pouvoir recevoir sur son téléphone des alarmes provenant de capteurs installés sur ses terres. Ces alarmes vont lui donner plein de renseignements utiles pour la gestion de ses sols, pour l’irrigation et la fertilisation de ses productions, pour être informé de la présence d’insectes, pour connaître l’état du sol pour semer au meilleur moment, etc….  Qu’en disent les ministres qui se sont succédé à l’Agriculture sur l’accès Internet à la haute vitesse et au large débit sinon que le sujet est abordé par le ministre de l’Économie de son gouvernement !

Revenir à l’équilibre

Les deux dernières priorités s’adressent aux consommateurs. Il s’agit de la sécurité des aliments et du gaspillage alimentaire.

La sécurité des aliments est devenue un sujet important pour le consommateur. Chaque jour, les médias nous informent sur des cas de contamination ou encore sur des aliments manipulés et contrefaits. De la viande de cheval pour compenser la faible présence de bœuf, des tomates étiquetées avec la mauvaise provenance pour faire bonne impression auprès du consommateur, mais qui permet au distributeur d’obtenir un meilleur prix, etc… . Il est difficile pour le consommateur de se fier à l’étiquette alors que plusieurs sont aux prises avec des allergies alimentaires.

Les dernières données nous informent que le gaspillage alimentaire au Canada s’élève à quelque 20 milliards par année et pour une famille québécoise ça représente une somme de près de 1 000 $. Tout dernièrement, les médias rapportaient que 30 % des aliments produits vont directement à la poubelle alors que, sur la planète, tant de gens n’arrivent toujours pas à manger un repas par jour.  Le 8 août marque le « jour du dépassement », c'est-à-dire le jour où l'humanité a épuisé l'ensemble des ressources que lui fournit la planète en une année. Comme tant d’autres, je crois qu’il faut revenir à une forme d'équilibre et réévaluer nos habitudes de consommation, plus spécifiquement de remettre en question la surconsommation.

Ces sujets méritent à eux seuls une vaste campagne de sensibilisation et d’éducation auprès des consommateurs.

La gestion gouvernementale est désormais axée vers des réponses à donner aux clientèles : on donne à un groupe, puis le lendemain, c’est à un autre qu’on accorde une subvention. Une telle gestion ne permet aucune vue d’ensemble. Nostalgique me direz-vous, peut-être je le suis. On est loin de l’époque des grands projets au Québec basée sur une vision de développement et sur l’organisation de notre société. C’est là pourtant que le prochain gouvernement de l’automne 2018 devrait repartir pour bâtir un nouveau modèle québécois. On en a bien besoin.

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