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Une BD pour comprendre les enjeux agricoles!

Il y a une expression populaire qui dit : « Est-ce qu’il faut que je te fasse un dessin ?». Et bien c’est à cela que ce sont attelés avec leur  bande dessinée Rémy Bourdillon et Pierre-Yves Cézard pour aider la population du Québec à comprendre l’imbroglio tentaculaire dans lequel le Québec agricole s’est enlisé depuis plus de quarante ans.

Une bande dessinée a été publiée ce printemps dont on a trop peu parlé : il s’agit de «Faire Campagne, joies et désillusions du renouveau agricole au Québec». Elle est signée Rémy Bourdillon pour les textes et Pierre-Yves Cézard pour l’illustration : tous deux médaillés d’or des prix Magazine canadien dans la catégorie Paroles et Images en 2015. Bourdillon est, entre autres choses, bien connu pour ses collaborations à L’Actualité et à Rue89.

Cette BD raconte l’histoire de la paysannerie québécoise et de ses déboires pour obtenir reconnaissance. La couverture met en vedette évidemment l’ineffable Roméo Bouchard mais tout au long du scénario des épisodes savoureux sont détaillés en images nous menant de rencontre en rencontre  à des producteurs confrontés disent-ils tous «à la machine agricole contrôlée par l’UPA».

Tout commence avec l’histoire de France Roy, ce producteur qui a tenté de faire plus de 1000 poulets pour les livrer à sa coopérative locale et qui a été poursuivi par les inspecteurs de EVQ (Les Éleveurs de volailles du Québec). Les inspecteurs d’EVQ sont pour la cause dans cette BD déguisés humoristiquement en «Inspecteur poulet» : Pout, pout, pout… !

La BD nous amène très vite au cœur du sujet avec la rencontre de l’ancien attaché de presse de Jean Garon, Simon Bégin ( maintenant président de l'Institut Jean-Garon)  qui explique pourquoi le problème n’est pas la gestion de l’offre mais la «gestion de la gestion de l’offre».

Il est d’ailleurs fait référence dans cette bande dessinée au livre coécrit par Simon Bégin, Yan Turmine et moi-même, éditeur de La Vie agricole, «Une crise agricole au Québec: vers la fin des fermes traditionnelles au Québec» dès la page 30. Je rappelle que ce livre a été rédigé et publié en 2016 et qu’il semble avoir été de plus en plus prémonitoire au regard des dernières actualités sur le déclin du monde laitier.

Les auteurs rencontrent aussi évidemment le fondateur de l’Union paysanne, Roméo Bouchard qui raconte entre autre l’épisode où lorsqu’il a déclaré sa volonté de créer un 2e syndicat, «il a vu débouler au congrès qu’il organisait : Repenser l’agriculture, 35 dirigeants de l’UPA venus pour étouffer son mouvement, dont le président de l’UPA de l’époque : Laurent Pellerin».

Au fil du livre les auteurs rencontrent aussi Maxime Laplante, actuel président de l’Union paysanne, mais aussi Simon-Pierre Savard-Tremblay, chroniqueur/collaborateur à La Vie agricole, lorsqu’il est question du sujet lié aux traités de libre-échange. Cette BD fait aussi état d’un long épisode quand la coopérative La Mauve tente d’obtenir un droit d’exception pour produire 2000 poulets comme en Colombie-Britannique et non 100 comme la loi le stipule au Québec.

Cette bande dessinée qui est une véritable enquête au cœur de la politique et de l’économie agricole raconte la bataille des coopératives lorsque la CAPE ( Coopérative pour l’agriculture de proximité et écologique) se range du côté de l’UPA contre la mauve dans ce dossier du hors-quota démontrant ainsi le pouvoir d’influence du syndicat unique même sur des organisations dont la philosophie ne correspond pas à l’organisation syndicale officielle.

Ce livre cherche à comprendre comment garder la foi malgré l’intransigeance des règles pour les petits producteurs de proximité et rappelle que ce que vit le Québec est unique à l’échelle mondiale puisque partout ailleurs la liberté agricole existe.

Il s’agit d’une BD engagée pour une cause. Il ne manque qu’en antithèse dans cette BD qu’une rencontre avec le président de l’UPA, Marcel Groleau et le ministre de l’Agriculture  du Québec qui l’un comme l’autre aurait peut-être pu nous éclairer sur qui a réellement le pouvoir au Québec dans le monde agricole l’UPA ou le MAPAQ ?

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