L’entente sur le lait entre le Canada et les États-Unis est un mauvais règlement pour le Québec. Il fallait régler et c’est fait. Neuf millions d’emplois aux États-Unis dépendent des échanges commerciaux entre les États-Unis et le Canada. Le Canada achète plus aux Américains que tout autre pays du monde. Mais pour sauver cette entente commerciale entre le Canada et nos voisins du sud, il a fallu sacrifier quelques secteurs et le plus perdant et celui du lait et donc par effet domino, les fermes laitières du Canada et je dirais même plus du Québec puisque près de 50 % du lait canadien est produit au Québec.
Au sein du nouvel accord de l’ALENA, devenu L’accord États-Unis, Mexique, Canada (AEUMC), le mécanisme de règlement des différends au chapitre 19 de l'accord initial a été sauvé et on peut en être soulagé. Il s’agit de l’élément principal qu’il fallait sauver.
Toutefois Justin Trudeau et son gouvernement ont pour cela abandonné les fermes laitières canadiennes et québécoises. Il semble que le gouvernement Trudeau ait accepté d'accorder un plus grand accès au marché canadien du lait pour les producteurs américains, soit l'équivalent d’au moins 3,25 % du marché (on parle même de 3,59%), ce qui constituerait plus que la part que les États-Unis auraient obtenue dans le cadre du Partenariat transpacifique s'ils ne s'étaient pas retirés l'an dernier de cet accord commercial conclu en 2015.
Les brèches se cumulent
Donc les brèches sont les mêmes dans tous les accords internationaux que ce soit le nouvel ALENA (AEUMC), l’accord Canada-Europe (AECG- Accord économique et commercial global) ou le partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) mais les brèches se cumulent!
Le Canada aura beau dire qu’il maintiendra le système de gestion de l'offre pour les produits laitiers, les oeufs et la volaille, la réalité semble plutôt qu’il sera obligé d'ouvrir davantage son marché aux producteurs américains et que la gestion de l’offre s’étiolera au fil des années.
Du courage messieurs!
Peut-être cela prendra-t-il des politiciens courageux qui expliqueront le plan de match d’une sortie en règle de la gestion de l’offre si telle est l’avenue envisagée par les décideurs, comme l’a fait la France sur 12 ans, plutôt que des messages d’optimisme de politiciens de tout acabit quand le bateau prend l’eau pareil ou plutôt comme nous le titrions dès mai 2015 : Le feu est pris dans l’étable!
Le Québec sera effectivement une fois de plus le grand perdant mais c’était écrit dans le ciel malgré le show médiatico-politique depuis plus d’un an. Le 2 août 2017 le ministère fédéral des Affaires mondiales présentait ses nouvelles nominations pour participer à la négociation de l’ALENA, et parmi celles-ci on retrouvait, Marcel Groleau, président des producteurs agricoles (UPA) alors présenté par les Affaires mondiales comme «depuis des décennies, un défenseur du secteur agricole».
La faible influence de l’UPA
Le ministère écrivait : «Plus précisément, M. Groleau représentera les producteurs agricoles et forestiers du Québec auprès de Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères, pendant les négociations avec le Mexique et les États-Unis».
À croire que son influence n’a pas été d’un grand recours.
Encore ce printemps le président des producteurs de lait, Bruno Letendre, se targuait dans une vidéo à succès sur LVATV.ca « On a la meilleure équipe». Il faut donc croire que celle de Donald Trump n’est pas pire non plus car sur l’ouverture des marchés aux produits laitiers américains, la marotte du président américain depuis son passage au G7 dans Charlevoix, il semble avoir gagné son point.
Sur l’accord on sait pour le moment peu de choses mais il semble que l’'accord impose au Canada de mettre fin aux classes 6 et 7 dans les 6 mois suivants l'entrée en vigueur de l'accord et la création d’une nouvelle classe de lait mais aussi la création d'une nouvelle classe pour remplacer la 6 et 7. À partir de maintenant si le Canada veut modifier ses classes de lait, il devrait aviser les autres membres du traité et leur fournir tous les détails des modifications selon certaines sources. Le Canada serait aussi contrôlé dans ses exportations.
Les politiciens du Québec sur la défensive
Philippe Couillard, le premier ministre du Québec et chef du PLQ réitérait dimanche son soutien aux producteurs de lait du Québec par un tweet : « Je vous ai défendu hier, je vous défends aujourd’hui, je vous défendrai demain».
«Ce n’est pas le temps d’être partisan. Il faut que les quatre chefs parlent ensemble: on doit protéger la gestion de l’offre» disait François Legault, le chef de la CAQ
Jean-François Lisée, le chef du Parti Québécois a fait tard hier soir une vidéo dans laquelle il souligne « Le tort causé à nos fermes laitières sera doublé. Dans mes conversations avec les représentants des fermes laitières à l’UPA, jamais on n'avait considéré que ce serait si grave et on savait que toute concession supplémentaire aller pousser à la faillite un certain nombre de fermes laitières du Québec».
Les producteurs laitiers du Canada ont réagi ce matin par un communiqué :
« Nous avons été informés de la conclusion d'une entente entre le Canada et les États-Unis concernant un nouvel accord de libre-échange. L'attribution d'un accès additionnel de l'ordre de 3,59% à notre marché laitier domestique, l'élimination de classes laitières compétitives et les mesures extraordinaires qui limiteront notre capacité d'exporter des produits laitiers auront un impact énorme non seulement pour les producteurs laitiers, mais pour tout le secteur. Notre gouvernement nous avait pourtant assuré qu'il ne signerait pas un accord qui serait mauvais pour les Canadiennes et Canadiens. Or, nous ne voyons pas comment cet accord peut être bon pour les 220 000 familles canadiennes qui dépendent de l'industrie laitière pour gagner leur vie. »
Assurément, les vaches canadiennes et québécoises ne doivent pas être de bonne humeur ce matin dans l'étable!