Cette année France Bleu Vaucluse a réalisé un dossier sur le suicide des agriculteurs en France et le constat est alarmant! C’est la catégorie socioprofessionnelle la plus à risque. La surmortalité par suicide chez les agriculteurs est 20 à 30% supérieure à la moyenne de la population, de déclarer France Bleu. En 2016, le nombre de passages à l'acte a été multiplié par trois.
France Bleu précisait alors en février dernier: « Le phénomène n'est pas nouveau : depuis les années 1960, plusieurs analyses sociologiques indiquent que les agriculteurs se suicident davantage que les autres catégories socioprofessionnelles. Le suicide est la deuxième cause de décès pour cette population, après le cancer. Depuis quelques années, le secteur agricole connaît des crises permanentes (chute du prix du lait, grippe aviaire, aléas climatiques, baisse des revenus, dégradation des conditions de vie et de travail…) et la détresse morale a gagné les campagnes».
Il est constaté qu’en 2016, en France, le nombre d'appels à l'aide a plus que doublé sur le numéro vert Agri-Écoute de prévention du suicide mis en place en 2014 par la Mutualité sociale agricole. Les appels sont passés de 2.664 contre 1.219 en 2015.
Et le nombre de passages à l'acte a été multiplié par trois : un agriculteur se suicide tous les deux jours en France.
Plus de huit cas de suicides sur dix concernent des hommes et les deux tiers des agriculteurs morts par suicide sont âgés de 45 à 65 ans selon les dernières études. L’endettement est considéré comme l’une des principales causes liées à ces suicides.
La production laitière et l'élevage bovin sont les secteurs les plus touchés, avec une surmortalité par suicide de 52% chez les hommes.
Et le suicide dans le monde agricole au Québec ?
En septembre 2017, Laurent Lessard alors ministre de l’Agriculture déclarait au HuffingtonPost «Pour les agriculteurs, comme pour tout autre groupe de population, la santé mentale et le suicide sont des problématiques complexes. On ne peut associer une hausse ou une baisse du taux de suicide à une seule explication. Les efforts de prévention et d'intervention en matière de santé mentale et de suicide doivent tenir compte du contexte dans lequel évoluent les agriculteurs».
Il rappelait aussi que certaines initiatives ont été mises en place depuis quelques années pour briser cet isolement. «À titre d'exemple, l'Union des producteurs agricoles a formé, en partenariat avec l'Association québécoise de prévention du suicide, en un an 600 «sentinelles» pour repérer les signes de détresse psychologique chez les agriculteurs».
Certains agriculteurs confiaient à l’automne 2017 au HuffPost Québec que la décision du gouvernement fédéral d'importer 16 000 tonnes de fromages fins d'Europe sous l'Accord de libre-échange Canada-Union européenne risque d'accroître la pression sur les producteurs d'ici.
À l’heure où la gestion de l’offre est aussi mise à mal par nos voisins américains, la tension dans le secteur du lait devrait être encore plus forte au fil des mois et le soutien et l’intervention des gouvernements encore plus cruciale.
Pour trouver de l'aide si nécessaire, il existe la ligne 1-866-APPELLE disponible 24h/7 pour tous.