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L’accord qui cache la réalité!

Le nouvel accord de l’ALENA (AEUMC) avec l’appendice C, octroie de nouveaux contingents d’importation sans droits de douane à plusieurs catégories de produits laitiers, ce qui a fait réagir beaucoup de monde. Cependant, une autre partie (annexe 3B) concernant le lait a suscité beaucoup moins d’intérêt, c’est l’abolition des classes 6 et 7 au Canada, ce qui aura un impact très important.

Cela consolidera les importations déjà très importantes d’ingrédients laitiers en provenance des États-Unis qui sont déjà importés avec de très faibles droits de douane.  Ces importations sont très lucratives pour nos transformateurs canadiens. Il est clair que le gouvernement Trudeau a écouté le lobby des transformateurs canadiens aux dépens des agriculteurs et des consommateurs.

Il est toujours difficile d’évaluer l’impact réel d’un accord international. Souvent ce genre d’accord masque et détourne l’attention de problèmes plus importants qui dans bien des cas sont internes. Les nouvelles règles concernant les produits laitiers dans l’accord du nouvel ALENA (AEUMC) donnent cette sensation de masquer un plus gros problème.

Ce gros problème ce sont les ingrédients laitiers, dont le lait diafiltré. Une publication des producteurs de lait du Québec paru en 2016 « importation d’ingrédients laitiers, nos fermes laitières menacées » explique très clairement la problématique et les solutions, je vous invite à la relire. Les transformateurs peuvent depuis longtemps importer de tels ingrédients et les mettre dans nos produits laitiers. Plus ils en mettent, plus c’est payant.

Comme la frontière est ouverte pour ces produits, la seule limite est la technologie et l’acceptation du consommateur. Le nouvel accord de l’AEUMC vient de consolider ce marché, car les producteurs avec l’élimination des classes 6 & 7 ne pourront plus compétitionner les produits américains avec des classes de lait moins chères.

Lors des travaux du comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes à Ottawa en mars 2016, il est intéressant de voir l’opinion de nos industriels :

Pour Parmalat multinationale du lait : « Sans l’utilisation de protéines laitières concentrées, notre entreprise ne serait plus en mesure de produire la quantité de fromage demandée par nos clients et consommateurs. Nous ne serions également plus en mesure d’offrir aux consommateurs les bénéfices découlant de notre plus grande compétitivité ».

Pour Gay Lea foods cooperative ltd, un grand transformateur laitier en Ontario : « Le régime de gestion de l’offre est un instrument de politique qui a fait ses preuves et permet la stabilité du marché tout en assurant aux agriculteurs qu’ils récupèrent leurs coûts de production, qui ont tendance à être plus élevés que le prix mondial du lait.  Cet avantage du marché intérieur fait de notre pays un marché très intéressant pour les importateurs, qui cherchent en même temps à profiter du prix élevé du lait.  Le résultat est que de nombreux produits sont élaborés en vue de leur importation au Canada. »

Avec ce nouvel accord de AEUMC, l’octroi de volumes de contingent sans droits de douane aurait été une excellente occasion pour fermer la brèche des ingrédients laitiers en incluant dans les volumes sous contingents ces ingrédients (avec les codes de douanes appropriés).

Cela n’a pas été fait, pire, l’on a réduit la capacité des producteurs à se défendre contre ces importations. La seule voie maintenant reste que le gouvernement canadien révise ses normes quant à l’utilisation illimitée de ces produits. S’il ne veut pas protéger les agriculteurs de la voracité des multinationales du lait, peut-être protègera-t-il les consommateurs ?

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