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Les convictions de Pronovost transmises à l’Union paysanne 24h avant son décès

Jean Pronovost, 24 heures avant de mourir, a tenu à laisser en héritage le fond de sa pensée sur les besoins de l’agriculture en écrivant à L’Union paysanne. Se sachant affaibli et incapable de participer à un évènement organisé par l’Union paysanne en janvier, il a dicté le 25 décembre dernier à sa belle-fille un texte à l’attention du syndicat agricole non encore reconnu au Québec. Convaincu depuis la rédaction de son rapport en 2008 d’un grand besoin de diversité dans le monde agricole, il a transmis quelques heures avant de nous quitter ce message à l’intention de l’Union paysanne. Ce texte prouve l’intégrité et la fidélité à ses idées. Ce message est la meilleure réponse à ceux qui dans des instances reconnues par le gouvernement tente de dévier son message.

L’agriculture n’est pas univoque

Bonjour madame Renaud,

J'y crois beaucoup. Ce qui m'a incité à l'expédier à quelques autres personnes.  On conçoit souvent l'avenir de l'agriculture à une ou à des étiquettes qui escamotent une partie de la vérité.

Certains prônent une agriculture dite industrielle, mais qui au fond applique à l'agriculture le modèle économique traditionnel qui repose sur la croissance économique, le marketing, la recherche de la croissance, la productivité, etc.  On produit et on vend des pommes de terre, du maïs ou des pommes comme d'autres secteurs produisent et vendent des clous, des vis ou tout autre produit.

L'agriculture, la vraie, doit intégrer plusieurs autres valeurs à cette dimension économique.  Il faut penser notamment Santé et il faut penser que les impératifs Santé peuvent même varier avec les individus qui ont des besoins différents et particuliers.  Il faut aussi penser à la qualité de l'environnement, car la qualité de la nourriture commence là; combattre les failles environnementales par des moyens naturels et biologiques plutôt que chimiques, etc.

Ce que je viens de souligner n'a rien à voir avec la taille des fermes ou de leurs modèles juridiques.  C'est évident que les quantités produites, parce qu'elles intègrent d'autres valeurs, ont tendance à devoir tenir compte des frais que l'éventail de ces valeurs entraîne.  

L'État doit prendre tout cela en compte dans ses politiques.  L'agriculture n'est pas univoque. Elle n'est surtout pas noir et blanc et répond à une série de besoins interreliés.

Cordialement,

Jean Pronovost 

Je ne suis pas mort

Sur le feuillet qui accompagne ses funérailles, le poème amérindien est tout aussi clair :

« Laissez votre peine se transformer en joie. Car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons. Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre cœur.  N’allez pas sur ma tombe pour pleurer. Je ne suis pas là, je ne dors pas! Je suis mille vents qui soufflent, je suis le scintillement des cristaux de neige, je suis la lumière qui traverse les champs de blé, je suis l’éveil des oiseaux dans le calme du matin, je suis l’étoile qui brille dans la nuit! N’allez pas sur ma tombe pour pleurer. Je ne suis pas là, je ne suis pas mort».

Souhaitons-le pour le bien de l’agriculture!

 

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